
Place Saint-Sulpice à Paris, quand la poésie descend dans la rue
La place Saint-Sulpice au cœur du VIᵉ arrondissement de la capitale française se muera, pour la quarante-deuxième fois, en vaste librairie à ciel ouvert du 18 au 22 juin. « Le Marché de la Poésie », devenu le principal rendez-vous hexagonal consacré aux écritures contemporaines, y déploiera durant cinq jours un programme dense : lectures, performances, tables rondes et séances de dédicaces réuniront éditeurs, revues, auteurs, traducteurs et un public toujours plus nombreux, dans une atmosphère à la fois studieuse et festive. Rares sont les manifestations où l’on voit ainsi la poésie « descendre » littéralement dans la rue, à hauteur d’humanité.
Une agora pour les voix du présent
Chaque printemps, le Marché transforme le cœur du Quartier latin en agora des mots vivants. Plus de cinq cents structures éditoriales, issues de France et d’une quinzaine d’autres pays, y présenteront catalogues et nouveautés : grands noms des lettres, micro-éditions artisanales, recueils bilingues ou revues confidentielles. Cette diversité reflète le pouls d’une création poétique qui se joue des frontières et interroge, par la langue, notre époque incertaine.
L’Harmattan, vitrine cosmopolite
Parmi les stands attendus, Les Éditions L’Harmattan proposeront, une sélection nourrie de la collection « Le Scribe L’Harmattan » dirigée par Fatima Guemiah. Point d’orgue, l’anthologie « Poésies volcaniques, ébullition, énergie, émerveillement ! », fruit d’une soirée organisée pour le Printemps des Poètes 2025 et coordonnée par la poète Nicole Barrière, directrice de la collection « Accent tonique ».
Le volume réunit des voix venues d’horizons divers : Afyaa Al Asadi (Irak), Alaa Hassanien (Égypte), Nicole Barrière (France), Ahlam Laqlida (Maroc), Imen Moussa (Tunisie), Alexandra Nicod (Suisse-Espagne), Nabil Shoufan (Syrie), Philippe Tancelin (France), Ghassan Tarabay (Liban), Françoise Hachem (Liban), Maria Zaki (Maroc), Leda Mansour (Palestine) et Ihab Sobhy (Égypte), autant de trajectoires qui, entre douleur et dignité, méditation et révolte, font surgir une parole tour à tour incandescente ou contemplative, mais toujours nécessaire.
Nouvelles parutions à découvrir
Le stand accueillera également « La pleine lune luit et nous éclaire » de Maria Zaki, méditation lyrique habitée par la spiritualité, et « Éclats de rêves » de Françoise Khoury El Hachem, exploration sensuelle des territoires de l’amour et du désir.
La poésie, scène de résistance douce
À l’heure où l’actualité géopolitique fissure les certitudes, le Marché de la Poésie rappelle que les mots peuvent encore bâtir des ponts, éveiller l’imaginaire et retisser du lien. La poésie ne s’exile pas : elle circule, franchit les murs, dialogue entre les langues et se vend, preuve qu’un lectorat fidèle répond présent. Rendez-vous donc place Saint-Sulpice pour écouter ces « rêveurs éveillés » ; le temps d’un poème, ils nous proposent de retrouver ce qui, envers et contre tout, fonde notre humanité partagée.
Fatima Guemiah
