
Pax Musica Faire résonner l’exil au rythme du dialogue interculturel
À l’heure où les lignes de fracture géopolitiques se multiplient et où les frontières se referment plus vite qu’elles ne s’ouvrent, la musique demeure l’un des derniers idiomes véritablement universels : un espace de dialogue où les mots s’effacent, les passeports s’oublient, et l’écoute construit des passerelles que la politique ne parvient plus toujours à jeter. C’est sur cette conviction que s’appuie l’ONG « Pax Musica », qui donnera, le 20 juin prochain, un concert au Grand Auditorium de l’Institut du monde arabe à Paris, à la confluence symbolique de la « Journée mondiale des réfugiés » et de la « Fête de la musique ».
Fondée en 2024 par la violoncelliste Hélène Daccord et un collectif d’instrumentistes professionnels, « Pax Musica » œuvre à soutenir des artistes contraints à l’exil pour qu’ils puissent reprendre le fil de leur carrière sur le territoire français. « Le déracinement brise les trajectoires, il n’éteint ni le talent ni l’engagement citoyen », insiste la fondatrice. Sélectionnés parmi 73 candidatures couvrant 24 nationalités, les douze lauréats de la promotion 2025-2026 bénéficient d’un double accompagnement : artistique, via un compagnonnage avec des musiciennes et musiciens de renom ; administratif et social, grâce à un réseau regroupant le HCR, l’Institut du monde arabe, le programme PAUSE du Collège de France et le Musée national de l’histoire de l’immigration.
Un programme-boussole
La soirée traversera continents et siècles : la Sonate pour deux clarinettes de Francis Poulenc dialoguera avec Toward the Heavens du compositeur libano-français Naji Hakim ; la Sérénade d’Ernő Dohnányi répondra aux Danses hongroises de Brahms ; le Trio Yeraz fera vibrer les mélodies arméniennes Zepiyur Kdernam et Ararat ; enfin, les Cinq pièces pour deux violons et piano de Dmitri Chostakovitch rappelleront que, même conçue en temps de censure, la musique possède le pouvoir de traverser les régimes et d’apaiser les colères.
Une diplomatie de l’oreille
Au-delà de la virtuosité, la démarche se veut résolument politique dans le sens le plus noble du terme : proposer, selon la formule de Daniel Barenboim, une « diplomatie de l’oreille ». Dans un monde fragmenté, chaque silence partagé entre publics venus d’horizons opposés, chaque harmonie tissée sur scène, devient l’illustration d’un vivre-ensemble possible. L’utopie n’est jamais qu’à quelques millimètres : une main tendue au détour d’un couloir d’auditorium, un souvenir commun qui, longtemps après la dernière note, désarme la méfiance.
En rappelant que la musique est une langue universelle qui franchit les murailles érigées par les crises et les conflits, Pax Musica signe une profession de foi en parfait accord avec l’esprit multilatéral de Genève : si la musique ne sauvera pas le monde à elle seule, elle ouvre note après note, les chemins qui y mènent. Fatima Guemiah.
LE PROGRAMME DU CONCERT
Aux côtés de leurs parrains et marraines artistiques, les lauréats de la promotion 2025-2026 de PAX MUSICA interpréteront un programme éclectique, mêlant musiques classiques, contemporaines et traditionnelles, dans un esprit de transmission, de résilience et de dialogue interculturel.
Un voyage musical à travers les cultures et les talents, porté par les mentors et lauréats PAX MUSICA :
- Sonate pour deux clarinettes de Francis Poulenc : Raphaël Sévère et Jules Chahine
- Toward the Heavens de Naji Hakim : Jules Chahine et Merly El Haddad
- Sérénade pour cordes d’Ernő Dohnányi : Yona Zekri, Julie Sevilla-Fraysse et Oleksandr Dmytriev
- Danses hongroises à quatre mains de Johannes Brahms : Dana Ciorcarlie et Diana Stohnushenko
- Zepiyur Kdernam, Fleurs d’automne, Ararat (musiques arménienne) : Trio YERAZ (Kariné Arsenyan & Güler Yildiz, accompagnées par JF Caparroy)
- 5 Pièces pour deux violons et piano de Dmitri Chostakovitch : Eva Zavaro, Toma Bervetsky et Diana Stognushenko