L’Assemblée générale des Nations Unies, qui s’est ouverte le 25 septembre, a plus que jamais mérité son surnom de “Big Circus.” Si les leaders de la planète ont bien essayé de prouver que les principes de la Charte –un pays, une voix- étaient toujours de circonstance en ces temps troublés, ils ne sont pas parvenus à mettre leurs divergences de côté. Les crises pullulent et la tentation est forte, un peu partout dans le monde, de prôner le repli identitaire ou recourir à la force.
Le président français, Emmanuel Macron, le président iranien, Hassan Rouhani ou le président canadien, Justin Trudeau parmi d’autres, ont bien tenté de faire front commun face à un Donald Trump plus que jamais résolu à imposer son message, America First. « Je ferai toujours passer mon pays en premier. C’est ce que vous devriez faire, vous les dirigeants. »
«En moins de deux ans, mon administration a accompli davantage que toute administration dans l’histoire de notre pays», a-t-il déclaré d’entrée de jeu à la tribune de l’Assemblée générale, provoquant des rires moqueurs parmi le parterre de VIPs habituellement réservés. Mais c’est surtout le « tellement vrai », qui a suivi qui a déclenché l’hilarité générale. « Je ne m’attendais pas à une telle réaction, mais c’est OK », a conclu le président américain, un bref instant déstabilisé par cette réaction, mais bien décidé à profiter du rassemblement des dirigeants mondiaux pour affronter l’Iran et avertir les pays pauvres que les Etats Unis ne seront généreux qu’avec ceux qui partagent ses valeurs. « Notre générosité ne s’étendra pas à ceux qui contredisent les Etats Unis et disent qu’ils nous détestent, » a surenchérit Nikki Haley, la représentante américaine auprès de l’ONU.
Donald Trump s’en est pris à la Chine, dont a-t-il dit, l’excédent commercial avec Washington ne peut être toléré, aux pays de l’OPEP, qui doivent cesser de faire monter les prix du pétrole, au régime vénézuélien, responsable d’une tragédie humaine, et à la Cour Pénale Internationale, qui n’a aucune légitimité et aucune autorité, avant de rebondir sur le thème qui lui est cher: la souveraineté américaine. Rappelons que cette année, les Etats-Unis se sont retirés de l’accord nucléaire iranien, du pacte mondial sur les migrations et ont menacé de juger les procureurs de la Cour pénale internationale s’ils poursuivaient des ressortissants américains.
Le Secrétaire général, Antonio Guterres, qui fut le premier à s’exprimer, a dépeint un monde « de plus en plus chaotique. » Un monde où «le multilatéralisme est remis en question au moment où nous en avons le plus besoin. » Un monde « où les droits de l’homme perdent du terrain et l’autoritarisme progresse». Un monde « où les changements climatiques vont plus vite que nous et où si nous ne changeons pas de cap dans les deux années à venir, nous risquons de perdre le contrôle de la situation. »
Au-delà des embouteillages sans fin et de la sécurité hautement renforcée, le sommet de l’ONU n’a guère laissé d’espoirs pour ce qui concerne les deux conflits les plus brûlants : la Syrie et le Yémen. « Le mieux que l’on puisse espérer en Syrie, c’est que le président Bachar al-Assad et ses partisans à Téhéran et à Moscou ne lancent pas une offensive totale contre les forces rebelles à Idlib, » a lancé, fataliste, un diplomate occidental.
« Les dirigeants iraniens sèment le chaos, la mort et la destruction. Ils ne respectent ni leurs voisins, ni les frontières, ni la souveraineté des nations,» a insisté le président américain, exhortant la communauté internationale à « isoler le régime iranien, » qualifié de dictature corrompue pour l’empêcher de faire avancer son agenda sanglant. »
S’exprimant quelques heures plus tard à la tribune de l’Assemblée générale, le président iranien Hassan Rouhani a qualifié la position de Donald Trump d’« absurde » et accusé les Etats-Unis de vouloir renverser le régime de Téhéran, tout en proposant de dialoguer.
Curieusement, suite aux discussions qu’il a eues avec Hassan Rouhani, Mike Pompeo, le secrétaire d’Etat américain, a déclaré que le président américain était ouvert aux pourparlers.
Célhia de Lavarène, Octobre 2018