22 of 15,959 O AGENTE SECRETO de Kleber MENDONCA FILHO

22 of 15,959 O AGENTE SECRETO de Kleber MENDONCA FILHO

Le Brésil, le nord-est du Brésil, en 1977, dans la région de Pernambuco, dans la ville de Récife est ici étudié, sous un regard politique, par le réalisateur Kléber Mendonca FILHO. Ce regard fait l’objet du film intitulé O AGENTE SECRETO qui a le lourd privilège de faire partie de la liste des films en compétition dans la Sélection Officielle concourant pour la Palme d’Or décernée lors de cette 78ème édition du Festival du Film de CANNES en ce mois de mai 2025.  Trompeur dès l’abord à mon avis sur le titre puisqu’il s’agit de l’histoire de famille d’un chercheur en laboratoire, accueilli comme réfugié dans une communauté et qui travaille (c’est sa couverture) au bureau de l’enregistrement officiel des identités. Cet agent étranger revient dans son pays de naissance pour reprendre son fils qui avait été laissé chez ses grands-parents après la mort de la maman, sa femme… il est poursuivi non pas par des agents secrets mais par des tueurs à gage. Mauvais film sans portée universelle comme on l’attend d’un roman ou d’une saga familiale comme l’auteur tente de nous le faire accroire. L’historicité du film est très douteuse (description d’un régime militaire mais surtout des socialistes défendus par l’auteur, dans les années 1970-1977 au Brésil…) en tous les cas ces années furent abjectes certes mais sont rendues de façon chaotique par le réalisateur ; le film est mal construit et trop lent. Un mauvais film sans aucun humour sachant que même si l’histoire est dramatique, il peut y avoir de décelable le sens de l’humour de l’auteur. Ici, de très mauvais goût, d’où l’aspect violent, de goût vulgaire et inesthétique qui ressort de ce film avec aucune circonstance atténuante. L’acteur principal Wagner MOURA est bien dans son rôle d’homme déterminé, habité par la recherche des origines de la mort de sa mère dans les archives et de ses origines. Il fait une recherche personnelle et risquée et l’acteur fait montre d’un grand sang-froid bien joué. On ne le comprendra que plus tard car le film est mal construit.

A propos de la forme du film : sa lenteur de déploiement de l’histoire choque ainsi que l’oppression que l’auteur veut montrer à l’écran qui est sous la forme de séquences dans lesquelles une jambe humaine retrouvée dans le ventre d’un requin finira par terroriser les habitants locaux. Ainsi s’en suit, pour évoquer l’insécurité du lieu, la vision récurrente, d’un chat difforme à deux têtes ou encore l’exhibition des cicatrices d’un homme aux yeux bleus, allemand, réfugié des camps car juif pour expliquer par la confusion des genres, la complexité des phénomènes politiques ; je trouve cela, au mieux original, au pire, de très très mauvais goût.

A propos du fond du film si l’on tient à prêter une dimension d’histoire des années s’écoulant dans la violence verbale ou plus ainsi que la corruption dans les années de socialisme autoritaire, à la fois militaire, au Brésil, on peut faire référence au temps où se situe à peu près les évocations présentes dans le film, je dirais que ce film pourrait faire référence aux conséquences des années 70 (jusqu’en 1977, année où se situe le film) et surtout de l’année 1969. Cette année-là, en juin 1969 on avait lancé :  » l’OPERATION BANDIRANTE » (OBAN) qui consista à l’instauration d’un centre de police politique spéciale, sous l’autorité conjointe des militaires et de la police. L’Office of Public Safety (OPS) des Etats-Unis aurait été à l’origine de la création de ce centre qui fut l’ancêtre du DOI -CODI et le chef de l’OPS au Brésil, Théodore Brown, aurait importé par la suite cette stratégie au Vietnam (programme Phoenix)  à partir de 1969. Au Brésil ces « années de plomb » continueront jusqu’en 1974.

Le problème de ce film c’est qu’il se situe au niveau des conséquences et le pays vu par les socialistes au Brésil a certainement ressemblé à ce que le film tente de retranscrire mais surtout déformé. En expliquant les choses par le vécu d’une poignée de réfugiés, le film veut lancer un cri contre la dénonciation, les écoutes téléphoniques, la violence et les moyens de voyous employés mais ce que l’auteur montre ce sont les façons de faire de gangsters, c’est tout. La vérité est facile à manier sous des airs de musique de Thomas Alvez Souza et Mateus Alves mais qui n’adoucissent pas les mœurs ni les propos écœurants de ce film à l’appropriation ; plus… déformation de faits historiques plus que douteuse. J’aurais plus vu ce film  à la QUINZAINE car c’est un film dit « d’auteur » et politisé plutôt que le visionner, dans la Sélection Officielle.

Il est possible que le dénominateur commun entre tous ces films présentés, cette année soit la politique. Dans ce cas, l’abjecte n’a pas de frontière sous le prisme du sectarisme politique. Je crains que beaucoup de réalisateurs souffrent d’un manque d’imagination pour aller puiser dans les idées des autres metteurs en scène des années antérieures du festival, je fais allusion à « l’opération » Nouvelle Vague qui a débarqué, pour un soir, du quartier St Germain des Prés de Paris, sur les rivages de Cannes mais qui aura fait un flop ou encore en produisant de pseudo documentaires très orientés politiquement. Une saga dans un roman révèle, ce qui provoque l’enchantement intellectuel puis visuel quand il est transposé au cinéma, en principe, des vérités universelles. Ce qui n’est pas le cas, pour le film dont je vous parlais ni le cas non plus pour les films français (Dossier 137, par exemple) concentrés sur les problèmes franco-français (hôpitaux, police, infirmières ou gilets jaunes) qui n’intéressent pas grand monde hormis les protagonistes.

Véronique VESVAL

  • Cannes Sélection Officielle
  • FESTIVAL DU FILM DE CANNES Ce 19 mai 2025.