ATERBALLETTO interprète le ballet DON JUAN du grand chorégraphe suédois JOHAN INGER, sur une musique de MARC ALVAREZE
Un mot sur le chorégraphe venant au tout début de sa carrière, du Royal Ballet de Stockholm, tout d’abord : JOHAN INGER a collaboré au NEDERLANDS DANS THEATER auquel il est associé ainsi que pour la compagnie ATERBALLETO composée de danseuses et danseurs de la Fondazione Nazionale della Danza, compagnie d’ÉMILIE ROMAGNE avec laquelle Johan INGER collabore donc, également, depuis 2013.
Son ballet, DON JUAN, fait apparaître la musique grandiose de MARC ALVARESE qui rajoute à la superbe du personnage donjuanesque, le rôle (Saul Daniele Ardillo) en a gagné en nonchalance et expertise ainsi le personnage intemporel avec toute la force de sa jeunesse déployée, devient contemporain.
Il est ici décortiqué du point de vue psychologique et pour la Danse, la superposition des figures des danseurs exprimant l’expressivité des corps montre aisément, la psychologie des différents sujets, sur un même espace. La scène peut montrer différents stades de l’état psychologique d’un être humain ou de plusieurs, dans le même temps, celui du geste, du pas et de la musique. Sans attendre la fin d’une phrase composée de mots, le ballet montre la déshérence d’un enfant qui fut abandonné par sa mère et sa fuite en avant, éperdue même si les femmes ne sont pas toutes les victimes et prennent l’initiative, en même temps ainsi, que la désorganisation des corps dans un couple qui ne fonctionne pas, celui de son ancienne conquête qui souffre de l’avoir perdu et qui ne s’entend pas avec son mari.
Rosalinde le personnage bafoué par Don Juan, la première à être trahie par DON JUAN insatiable, dans la pièce de théâtre de notre dramaturge MOLIÈRE, Français donc n’est pas trahi. La trame se déroule normalement. Vient ensuite Donna Ana qu’Ottonio, son mari ne sait pas satisfaire ; aussi, vient le tour de la future mariée qu’il ravira à son époux. Elle finira par le rejeter ; tout cela avec plus ou moins la complicité de son valet, Leporello (Philippe Kratz) le serviteur zélé.
Il s’ensuit la grande fête costumée, carnavalesque, pendant laquelle il conquiert Donna Anna (Ivana Pastroviti), très comedia del arte, on quitte alors la lumière noire de Fabiana Piccioli et on remarque les costumes de Bregge Van Balen pour aboutir à sa dernière conquête, une très jeune fille, une collégienne qui sera sa dernière conquête, car le chorégraphe, génial en chorégraphie, devient un remarquable dramaturge lorsque la figure du fameux commandeur est remplacée par la mère de DON JUAN, elle-même. La mère (Ina Lesnakowski) ira jusqu’à se substituer dans le fantasme de son fils à sa jeune partenaire (Arianna Kob) en plein acte sexuel. C’est exprimable par la danse. Intervertir les corps, c’est ce qui se produit quand le commandeur devient instrusivité, inceste ou complexe d’Œdipe. On reconnaît bien dans ce ballet, la psychanalyse du mythe.
La dramaturgie est de Gregor Acuna-Pohl et la scénographie de Curt Allen Wilmer.
Les seize danseuses et danseurs sont respectivement pleins de fougue et de nonchalance élégante d’où jaillit, à chaque tableau prenant vie et explication aisément, la force de l’impétueuse chorégraphie rendant l’explication psychanalytique limpide pour la compréhension du mythe.
Les seize danseuses et danseurs de l’ATERBALLETTO sont : Saul Daniele Ardillo, Philippe Kratz, Ina Lesnakowski, Estelle Bovay, Giulio Pighini, Serena Vinzio, Martina Forioso, Ivana Pastroviti, Adrien Delépine, Arianna Kob, Clément Haenen, Sandra Salietti Agulera, Roberto Tedeco, Helias Tur-Dorvault, Minouche Van de Ven et Thomas Van de VEN.
C’est un beau spectacle contemporain du chorégraphe Johan INGER.
- Véronique Vesval.