« L’heure n’est plus à la routine. Pour façonner l’avenir que nous voulons, nous devons réfléchir et agir de manière nouvelle et différente. Nous devons faire sauter un obstacle à notre progrès commun : la tyrannie du statut quo. »

C’est en ces termes que Ban Ki Moon, le Secrétaire Général de l’ONU s’est adressé aux Etats membres de l’Assemblée Générale. Des propos qu’il a réitérés devant la presse le 23 janvier. Une déclaration en forme de mea culpa tardif aux yeux de certains, surprenante pour d’autres qui l’ont toujours trouvé falot pour ne pas dire passif. Son second mandat a t’il martelé doit être celui des actions innovantes. De la réalisation des objectifs communs de développement durable, de désarmement et de la résolution des conflits.International Newspapers
« Mon espoir le plus sincère – et notre exigence commune la plus urgente – c’est que nous pouvons cesser de passer d’une crise à l’autre, d’un symptôme à un autre, pour nous pencher sur les causes profondes et reconnaître les faiblesses de nos approches. » Selon lui, « les gouvernements sont trop souvent en pilotage automatique et les problèmes restent dans leurs cases respectives et s’installent dans la durée, uniquement au prétexte que c’est ainsi que se font les choses, que le changement est considéré comme coûteux voire irréaliste, ou que des intérêts de longue date font obstacle à la machinerie législative. »
Il y a un an jour pour jour, Ban Ki Moon avait identifié cinq domaines dans lesquels les besoins étaient considérables et pour lesquels l’action collective pouvait faire une réelle différence : le développement durable, la prévention, le soutien aux nations en transition, l’édification d’un monde plus sûr et l’autonomisation des femmes et des jeunes. Le monde actuel est en proie aux incertitudes et aux bouleversements. Les conflits armés en Afrique et au Moyen-Orient, les situations économiques et environnementales qui se multiplient sur la planète, sont autant de défis auxquels l’ONU se trouve confrontée.
Devant le bilan des réalisations accomplies dans certains de ces domaines, le Secrétaire général s’est déclaré « encouragé mais pas satisfait. « Les exigences de notre époque, les pressions exercées sur notre planète, les souffrances endurées par les peuples au service desquels nous sommes – tout ceci exige de faire mieux en 2013 », a-t-il estimé en appelant les États Membres à faire preuve de générosité lors de la Conférence humanitaire sur la Syrie qui se tiendra mercredi prochain au Koweit.
« Nous devons faire tout notre possible pour venir en aide aux Syriens. Nous devons redoubler d’efforts pour mettre fin aux violences par l’entremise de la diplomatie, en surmontant les divisions au sein même de la Syrie, mais aussi de la région et du Conseil de sécurité », a-t-il affirmé, avant de rappeler que cette crise avait provoqué l’un des pires afflux de réfugiés depuis celle du Kosovo, il y a 13 ans.
Le conflit en Syrie a, depuis le début de la contestation en mars 2011, fait plus de 60.000 victimes et laissé quatre millions de personnes dans le dénuement le plus total, dont la moitié est constituée de déplacés. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés estime à 650.000 le nombre de réfugiés dans les pays voisins, -en Afrique du Nord et en Europe. D’autres déplacements de populations à grande échelle sont observés dans la région du Sahel et au Mali, dont le Nord est passé sous contrôle de groupes islamistes armés début 2012, et dont les répercussions régionales et internationales sont considérables.
« Dans le cadre de notre coopération avec des partenaires africains et internationaux, nous devons assumer notre responsabilité qui est d’aider le Mali à rétablir un ordre constitutionnel ainsi que l’unité et l’intégrité territoriale du pays. Parallèlement, nous devons continuer d’œuvrer à une stratégie intégrée pour la région du Sahel englobant les problématiques d’extrémisme, de pauvreté, de sécheresse et de bonne gouvernance qui sont à l’origine d’une misère profonde et d’insécurité, » a-t-il ajouté.
A l’aube de cette nouvelle année, L’ONU estime nécessaire de « reconsidérer son approche » face à la situation qui perdure en République démocratique du Congo, de faire avancer le processus de paix israélo-palestinien, de mieux promouvoir le principe de ’responsabilité de protéger’ en cas de crimes de masse ou d’incitation à les commettre, mais aussi de faire prévaloir la notion d’état de droit s’agissant du désarmement et de la non-prolifération.
Un programme ambitieux dont on peut se demander s’il n’est pas utopique tant les défis sont nombreux, que ce soit pour ce qui concerne le développement durable, les violences basées sur l’orientation sexuelle ou les violences faites aux femmes.
« Le personnel des Nations Unies à travers le monde continue de s’acquitter de ses fonctions avec héroïsme, souvent dans des circonstances très difficiles. Mais nous devons faire encore davantage pour sauver des vies, une tâche qui est au cœur même de notre mandat. C’est notre avenir que nous devons sauvegarder. Faisons de l’année qui s’ouvre une année ou nous saurons surmonter la désunion et ne pas nous en tenir au plus petit dénominateur commun pour montrer que de bonnes solutions adoptées au niveau international sont dans l’intérêt des nations, a poursuivi Ban Ki Moon qui a entamé ce mois-ci son second mandat de cinq ans. C’est l’avenir que nous voulons. »
Célhia de Lavarène, Janvier 2013