Négocié depuis 2006, le traité est censé réguler le commerce des armes — du pistolet aux avions et navires de guerre, en passant par les missiles — un marché de plus de 80 milliards de dollars par an. Le 2 avril dernier, l’Assemblée générale de l’ONU avait adopté le traité par 154 voix pour et trois contre (Syrie, Corée du Nord, Iran). 23 pays s’étaient abstenus, parmi lesquels certains des principaux exportateurs (Russie, Chine) ou acheteurs (Egypte, Inde ou Indonésie). Le traité entrera en vigueur à partir de la 50e ratification, ce qui devrait prendre au moins deux ans, « Pour que le traité soit réellement efficace, a admis le ministre finlandais des Affaires étrangères Erlli Tuomioja, il faudrait que les principaux acteurs du commerce des armes soient inclus ».
La France et ses partenaires européens ainsi que de nombreux pays d’Amérique latine (Costa Rica, Brésil, Mexique, Chili) et d’Afrique (Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire, Tanzanie, Burkina Faso), figurent parmi les signataires. Les Etats-Unis, principal pourvoyeur d’armes de la planète, envisagent de le faire prochainement, mais la ratification par le Congrès s’annonce particulièrement difficile. La Russie et la Chine se sont abstenus et il semble peu probable qu’ils signent. Chaque pays signataire devra s’assurer avant toute transaction, que les armes vendues ne risquent pas d’être utilisées pour contourner un embargo international, de tomber aux mains de groupes terroristes ou criminels qui pourraient perpétrer de graves violations des droits de l’homme.
Selon Oxfam, « des millions de personnes souffrent chaque jour, des conséquences directes ou indirectes du commerce irresponsable des armes : des milliers sont tuées, d’autres sont blessées, beaucoup sont violées et sont obligées de fuir leurs maisons. De nombreuses autres vivent sous la menace permanente des armes. Le commerce international des armes conventionnelles et des munitions alimente les conflits, la pauvreté et les violations des droits humains. Les problèmes sont aggravés par le fait que le commerce des armes est de plus en plus mondialisé : les différents éléments composant les armes proviennent du monde entier, tandis que la production et l’assemblage ont lieu dans des pays différents et sont parfois très peu contrôlés. Les réglementations nationales du commerce des armes n’ont pas réussi à s’adapter à ces changements. Un traité international sur le commerce des armes à toute épreuve permettra de promouvoir la justice, la paix et la sécurité, au bénéfice de tous les Etats et de celles et ceux qui souffrent du fléau de la violence armée et des conflits. » « Aujourd’hui, nous signons le traité sur le commerce des armes, mas nos efforts ne s’arrêtent pas là. Ce traité doit entrer en vigueur dés que possible. Ce n’est que par son universalisation que nous réussirons à rendre ce traité réellement efficace. La France appelle dont tous les pays à signer et ratifier rapidement ce traité », a déclaré le représentant français, Gérard Araud.
Célhia de Lavarène