Note de l’Éditeur – En publiant cette opinion [La Manipulation continue] de Tarek Daher, laquelle est la seconde d’une sorte de trilogie (selon l’auteur) annoncée sur (5) textes en cours dont le 1e publié est : À ce monde arabe en déclin, nous nous posons sciemment sur la base de l’Observatoire du dies afin de lire de voir venir, comme les allers les critiques, les interprétations les appréciations les réactions les intérêts, etc. De gré, cet observateur indépendant, source combinée de réputation, nous a fait parvenir (traduit), l’article de Benny Avni [Is it time to treat Lebanon like the enemy it is ?], publié par le New York Sun de Seth Lipsky, en date du 21 oct. 2021, qui a suivi le 1e de TD en ce sens (trilogie). Un ‘magnum champenois’ croit-il son titre ? Il est fort aise de comprendre cette intrigue partisane de Benny Avni, mais que sont les liens les inconséquences : le sujet sera traité évidemment sur le dies, par Dan Albertini un peu plus tard afin de ne pas inférer ni interférer dans le courant de Tarek. Tarek Daher est ainsi publié sur plusieurs plateformes de l’Observatoire du dies, nous vous souhaitons bonne lecture ! Éditor
« LA MANIPULATION CONTINUE« (texte No. 2/5 de la trilogie), par Tarek Daher
- Rafic Hariri, ancien 1er ministre libanais a été sauvagement assassiné le lundi 14 février 2005, par un attentat à la voiture piégée à Beyrouth.
Dès les premiers instants, un bon nombre de médias se sont rués sur la brèche pointant du doigt, accusant, la Syrie comme étant le commanditaire de ce crime.
Par la suite, ces mêmes médias ont accusé (4) généraux libanais, d’avoir commis ce meurtre. Ces généraux furent emprisonnés pendant près de (5) ans sans forme ni procès. Ils furent relâchés après que la Cour Pénale International a confirmé qu’ils n’étaient pas impliqués dans ce meurtre.
Enfin ces mêmes médias se sont tournés dès lors vers un autre coupable : le Hezbollah.
Entretemps, une cour de la Cour Pénale Internationale a été mandatée par les Nations Unies et avalisée par le gouvernement libanais. Pour le tribunal spécial pour le Liban qui traitait le dossier de l’assassinat de Hariri), il a fallu (12) années de procédure (4) années d’enquête, 1 milliard de dollars dépensés, pour condamner une personne par contumace ainsi qu’une société de médias et un journaliste. Pour Kevin Jon Heller, professeur de droit et sécurité internationale à l’université de Copenhague, et à l’université nationale australienne, a déclaré « nous ne pouvons pas être surpris, c’est un tribunal qui n’a littéralement rien accompli » au-delà de la rhétorique, Heller revient pourtant sans cesse sur les maigres réalisations du tribunal : « C’est le tribunal qui n’aurait jamais dû exister », dit-il.
Il est clair que pour un tel crime, pour une telle complexité dans l’exécution de ce crime, il est impensable que seule une personne ait pu le commanditer.
Dès lors qui pourrait commanditer un tel meurtre ?
- La Syrie ?
- Le Hezbollah ?
- Autres ?
La Syrie pourrait-elle être ce commanditaire, A-t-elle un intérêt quelconque, A-t-elle des raisons cachées pour assassiner Hariri.
Oui de prime abord la Syrie trouvait ce personnage encombrant :
- De par son influence qu’il a au niveau politique régional (il a un fameux carnet d’adresses). Reconnu par les grandes personnalités politiques
- De par sa richesse, il devient un poids économique, peut obtenir pas mal de choses des uns et des autres
- De par son opposition affichée à la présence syrienne au Liban, cette opposition a commencé dès lors qu’il a démissionné en septembre 2004.
- De par son désir de « démocratiser » le Liban d’où par un effet boule de neige risquerait d’atteindre les frontières syriennes.
La Syrie avait elle un intérêt de supprimer Rafic Hariri : NON en aucun cas
- D’un point de vue géopolitique, joue un grand rôle dans la région, est un pion très important dans un règlement futur du problème israélien
- La Syrie à une main mise sur le Liban ceci est un fait connu, mais cette main mise est légale. La réunion en avril 1976 du parlement libanais a voté et ratifié, la demande d’assistance de la Syrie au Liban et de l’apport de 35000 hommes afin d’instaurer la paix dans le pays. Ce qu’il faut donc comprendre c’est que légalement la Syrie ne peut être considérée comme une force occupante, mais a été une force envoyée pour la « stabilité » du pays. Cette force fait suite à une décision prise par l’ensemble des pays arabes. Par conséquent, tant que le parlement libanais n’avait pas demandé officiellement son départ par un vote des députés, la Syrie pouvait légalement y rester.
- Le Liban est une bouffée d’air pour la Syrie d’un point de vue économique. Prés d’un million de travailleurs syriens travaillant au Liban, ce qui représente le ¼ de la population du Liban. Un ouvrier au Liban gagne une moyenne de 30.000 LL +- 20 $ /jour (avant la mort de Hariri). Ceci équivaut à prés de 20 millions de dollars par jour, si ne fusse que la moitié a été transférée en Syrie cela représenterait prés de 10 millions de dollars, somme non négligeable quand on sait dans quel marasme économique la Syrie était.
- La Syrie dispose au Liban d’un grand allié : le HEZBOLLAH, celui-ci étant reconnu comme groupe terroriste. Le Hezbollah, menace la sécurité d’Israël, dit-on, celui-ci étant toujours opérationnel dans le Sud-Liban tant que les fermes de CHEBAA n’ont pas été libérées, car toujours sous occupation israélienne.
En commettant le crime, la Syrie aurait perdu tous les vrais intérêts pour lesquels elle est au Liban depuis près de 30 ans.
La Syrie a-t-elle commis ce crime, je ne crois absolument pas, à ce scénario. Elle n’a aucun intérêt à le faire, elle y perd vraiment beaucoup. Toute sa politique bâtie depuis des années dans la région en général et au Liban tout particulièrement partirait en fumée.
Il faudrait noter que depuis l’invasion de l’Irak par les Américains, la Syrie a souvent été attaquée, par les médias en général, et souvent été pointée par les É.-U. en particulier l’accusant des pires maux et faisant partie de l’axe du mal.
Le Hezbollah pouvait-il être le commanditaire de ce crime : tout porte à croire que NON
- Entre Hariri et le Hezbollah, les relations étaient plus que cordiales.
- Hariri supportait de façon ouverte le mouvement de la résistance.
- Hariri n’a jamais pris position contre le Hezbollah, au contraire il prenait sa défense, tant au niveau régional, qu’international. Hariri a souvent lors des sommets arabes défendu les actions du Hezbollah au Liban.
- Assassiner Hariri comme cela a été dit plus haut porterait préjudice à la Syrie, et cela n’aurait jamais été autorisé.
Le Hezbollah comme la Syrie ne pouvait que perdre, si c’est eux qui auraient commandité ce meurtre ils se tirent une balle dans le pied, par conséquent il me semble inconcevable que l’un ou l’autre ait pu le faire.
À qui pourrait dès lors profiter ce meurtre :
- À Israël en premier lieu, car ils seront débarrassés d’une pierre deux coups, d’une part cela affaiblirait la Syrie et d’autre part ce seront débarrassés de Hezbollah qui devenait trop gênant. De ce fait ISRAËL serait plus rassuré sur ses frontières NORD.
Mais personnellement, je ne crois pas qu’ils soient impliqués directement dans ce meurtre. Cela ne voulant pas dire qu’ils n’acceptent pas tacitement cet assassinat, car cela ne va pas à l’encontre de leurs intérêts bien au contraire.
- Aux Américains en particulier :
- Ils ont une excuse de plus pour se débarrasser de la Syrie (c’est dans leur plan selon le discours prononcé par Bush lors de sa seconde investiture)
- Ils pourront ainsi essayer de mettre en place un régime et qui serait fort probablement sunnite (étant la majorité), celui-ci pourrait faire face à un éventuel Irak Chiite dont les Américains craignent fortement.
- Ils instaureront dés leur conception de la « Liberté et de la démocratie » qu’ils prônent depuis les attentats du 11 septembre, ce qui impliquerait les ouvertures de négociation avec les Israéliens pour le GOLAN. Mais dans cette perspective la Syrie serait en position de faiblesse, non seulement elle serait affaiblie par son économie, mais aussi et surtout ne jouera plus le même rôle qu’elle avait avant le meurtre de HARIRI.
- Ils auront ainsi une main mise de plus en plus forte sur la région et appliqueront des accords de paix israélo-palestiniens tels qu’eux les conçoivent. Les Palestiniens ne pourront plus rien dire, ne pourrons plus contester une paix juste et durable ils devront juste l’accepter.
Nous ne devons pas oublier que depuis le 11 septembre 2001, les États-Unis ont prôné pour un nouvel ordre mondial, conçu et basé sur leurs propres définitions. Une Lutte inconditionnelle contre le terrorisme. Par terrorisme on doit comprendre la façon dont eux seuls le voient et le définissent. Les États-Unis via leur ministre des affaires étrangères de l’époque Condoleezza Rice, prônaient aussi pour un nouveau Moyen-Orient.
L’invasion de l’Irak par les Américains sur base d’informations erronées relative aux armes de destruction massive est le meilleur exemple de cet ordre mondial que l’on veut imposer.
Tout comme la Syrie depuis 2001 a souvent été attaquée par les médias en général, et souvent été pointée par les É.-U. en particulier l’accusant des pires maux et faisant partie de l’axe du mal.
À maintes reprises le gouvernement BUSH de l’époque (depuis 2001) l’a accusé :
- De faire partie de l’axe du mal
- D’avoir accueilli d’anciens dirigeants irakiens recherchés sur son sol.
- De donner un coup de main à la guérilla irakienne
- De laisser les résistants passer ses frontières
- Et surtout de supporter militairement le HIZBOLLAH en lui fournissant des armes.
C‘était à l’époque une impression de déjà vue, comme si on était en train de monter un scénario (comme celui de l’Irak) comme si, avait haussé le ton graduellement afin d’atteindre un objectif très précis.
Dès lors on arrive facilement à accuser l’un ou l’autre (Syrie, Hezbollah), cela devient facile, vu qu’ils étaient de toute façon sur la liste établie des terroristes.
Dès lors qui avait le plus à gagner ? La Syrie, le Hezbollah, les pays arabes, NON. Aucun de ceux-là. Les seuls grands perdants dans cette affaire aujourd’hui c’est le Moyen-Orient en général, et le Liban en particulier ainsi que la majorité des pays arabo-musulmans. La mort de Hariri n’allait que précipiter les choses. Ceux qui ont prôné le nouvel ordre mondial, ceux qui prônaient pour redessiner le nouveau Moyen-Orient avaient eux seuls tout à gagner.
La mort de Hariri allait précipiter la guerre de 2006 au Liban, et la mise en scène pour le reste du nouveau Moyen-Orient pouvait alors commencer et se mettre en place. L’assassinat de Rafic Hariri n’est que la suite logique de ce qui se passe aujourd’hui dans ce Moyen-Orient dans lequel nous vivons.
- Tarek Daher
- Octobre 2021