R ?vons ensemble une ?cole du XXIe si ?cle !

Ce n’est pas parce que l’on est innocent que l’on n’est pas responsable.
Judit VaradiL’ ?cole est cet endroit familier ou redoutable o ? nous d ?posons nos enfants les matins. Ils y passeront la plus grande partie de leur temps ?veill ? pour le meilleur ou pour le pire. Ils rentreront jour apr ?s jour, enthousiastes ou d ?sesp ?r ?s, curieux ou l ?thargiques, arboreront une radieuse confiance en eux ou perdront leur estime d’eux-m ?mes dans de douloureux d ?couragements.
L’ ?cole est aussi l’instrument principal de reproduction de la soci ?t ? v ?hiculant les messages, valeurs et connaissances qui forment aujourd’hui les femmes et les hommes de demain.
Depuis quelque temps, le d ?bat sur l’ ?cole a tendance ? s’embourber dans un sch ?ma simplificateur r ?duisant les nombreuses options ?ducatives possibles ? une alternative caricaturale entre le retour ? un syst ?me rigide, bas ? sur la discipline et l’effort, attribu ? ? l’ ?cole traditionnelle et une approche ludique et permissive sur fond d’interdit d’interdire associ ?e ? des tendances lib ?rales plus contemporaines.
Or, au-del ? de ces deux styles p ?dagogiques diam ?tralement oppos ?s, l’ ?cole pourrait ?tre un lieu o ? l’enfant va avec plaisir, un lieu ? la fois exigeant et chaleureux, performant dans la transmission des connaissances et capable de former des personnalit ?s autonomes, cr ?atives et responsables.
Pour cela, il faudrait repenser l’enseignement de mani ?re ? la fois novatrice et respectueuse des meilleures traditions p ?dagogiques et r ?inventer l’ ?cole pour l’adapter aux besoins de nos enfants et de notre ?poque.
En effet, plaisir et travail ne s’opposent pas, au contraire, plus on a du plaisir ? faire quelque chose, mieux on le fera.
D ?couverte ludique et effort d’apprendre ne s’opposent pas davantage et peuvent se compl ?ter en se stimulant r ?ciproquement.
Bonne ambiance et discipline ne s’opposent pas non plus, car on respecte plus volontiers des r ?gles dont on comprend les raisons et l’utilit ? que l’on ne se plie ? des ordres venant d’une autorit ?.
Pour ?tre respect ?, il faut ?tre respectable
La question de la discipline, principal leitmotiv de tous les d ?bats sur l’ ?cole, serait en grande partie solutionn ?e si les enseignants b ?n ?ficiaient d’une formation p ?dagogique de qualit ?, favorisant l` ?closion de personnalit ?s polyvalentes, capables d`autonomie de pens ?e et conscients du r ?le central de l’ ?cole dans la vie des ?coliers et du pouvoir quasi absolu dont un enseignant dispose et qui lui permet de faire r ?ussir ou ?chouer, de rendre heureux ou malheureux ses ?l ?ves. Des enseignants comp ?tents et sinc ?rement concern ?s par la formation des jeunes qui leur sont confi ?s, sachant pr ?senter leur programme de fa ?on souple et stimulante dans une ambiance chaleureuse, respectueuse et ouverte, osant encourager le dialogue et la cr ?ativit ? sauraient assurer les conditions d’un travail exigeant et la discipline que cela suppose.
Un autre aspect rendant la position des enseignants fragile face ? leurs ?l ?ves consiste dans leurs connaissances fragmentaires des disciplines et programmes qu’ils enseignent. Pour capter l’attention des ?l ?ves et susciter leur enthousiasme, l’enseignant devrait ma ?triser plusieurs disciplines, proposer des perspectives d’ensemble, pouvoir passer d’un sujet ? l’autre et ?tre suffisamment s ?r de ses comp ?tences pour oser autoriser des ?changes ouverts avec les ?l ?ves sur toutes les questions. Je n’ai jamais vu d’ ?l ?ves s’ennuyer pendant un cours int ?ressant et l’ennui exprim ? par les ?l ?ves pourrait ?tre utilis ? comme un signal bienfaisant permettant ? l’enseignant de repenser sa fa ?on de donner son cours.
Les ?vidences cachent la v ?rit ? Certaines pratiques au sein du syst ?me scolaire actuel sont consid ?r ?es naturelles et n ?cessaires et ? force de les utiliser depuis longtemps, nous les consid ?rons  » ?videntes ».
Une de ces  » ?vidences » consiste ? maintenir les mati ?res enseign ?es, alors que les changements rapides survenus au cours des derni ?res d ?cennies au sein de nos soci ?t ?s exigeraient des adaptations en profondeur.
Autre ph ?nom ?ne parmi ces  » ?vidences » est la pratique relativement ?tendue du redoublement.
Le redoublement est l’ ?chec de l’ ?cole
Diverses ?tudes ont mis en ?vidence que le redoublement provoque en g ?n ?ral plus de difficult ?s suppl ?mentaires d’apprentissage qu’il ne permet de « rattraper » des connaissances et que les hypoth ?tiques b ?n ?fices que les enfants concern ?s pourrait tirer du redoublement ne sont pas r ?els. Les retomb ?es psychologiques n ?gatives d’une telle d ?marche – perte de confiance en soi, d ?couragement, sentiment d’humiliation, s ?paration des camarades et de la collectivit ? form ?e par sa classe, se retrouver avec des enfants d’une classe d’ ?ge diff ?rente – sont tr ?s lourdes par rapport aux effets positifs esp ?r ?s.
Le redoublement est une mesure pr ?sent ?e comme visant ? pr ?server l’int ?r ?t de l’ ?l ?ve redoublant, cependant sa fonction r ?elle consiste la plupart du temps ? ?loigner ce dernier de la classe dont il faisait partie permettant ainsi ? l’institution scolaire de faire ?conomie des mesures p ?dagogiques et sociales qui auraient ?t ? n ?cessaires ? la r ?ussite de son int ?gration.
Suite dans le prochain num ?ro. Vos propositions et r ?ves pour « une ?cole du XXIe si ?cle » sont les bienvenues !
Judit Varadi
Merci d’adresser vos r ?flexions et questions ? Judit Varadi par e-mail : diva.international@gmail.com ou info@ecole-varadi.ch ou par t ?l ?phone au 022 736 28 74
L’anecdote
Dans le train un homme dans la force de l’ ?ge joue aux ?checs avec le maire de sa ville. Son fils, ?g ? d’ ? peine cinq ans, s’approche du maire et le prie de jouer une partie avec lui. Le maire s’exclame dans un ?clat de rire que jouer aux ?checs est chose s ?rieuse et non pas un jeu pour enfants, mais face ? l’insistance du gar ?onnet il finit par c ?der.
Apres quelques minutes la partie prend fin. L’enfant a gagn ?.