Pour repenser l’école en fonction des nouvelles réalités et besoins résultant des transformations rapides et profondes qui ont bouleversé notre société postmoderne, nous avons abordé dans le numéro précédent le contenu des savoirs à transmettre. Dans le présent numéro nous nous pencherons sur la manière dont ces contenus sont transmis :
2) l’approche pédagogique
En l’absence d’idées réellement novatrices au cours des dernières décennies, le débat sur l’école reste cantonné dans des discussions virulentes entre les adeptes d’une école traditionnelle prônant les vertus de l’effort et de la discipline et les partisans d’une école ludique, encourageant davantage la créativité et l’expression libre de la personnalité que l’acquisition structurée de connaissances.
Bien que ces deux positions semblent préconiser des approches diamétralement opposées, elles ne sont pas nécessairement incompatibles et peuvent même devenir complémentaires grâce à une démarche pédagogique souple et réfléchie, sachant choisir dans chaque situation spécifique le style pédagogique le plus adéquat.
L’école est en crise
Sur ce constat tout le monde est d’accord. Or la crise que traverse l’école est le reflet d’une crise générale des valeurs dans la société et ne peut pas être solutionnée indépendamment de celle-ci.
La génération des enfants d’aujourd’hui est élevée par des générations d’adultes qui ont traversé une période de radical ébranlement des valeurs morales et sociales.
Le désarroi de ces générations explique peut-être les nombreuses et tâtonnantes tentatives de rénovation de l’institution scolaire dont les échecs successifs finissent par provoquer une crise de confiance à l’égard du système scolaire tout entier.
Comment imposer par exemple des exigences de compétence en orthographe alors qu’il n’y a pas de consensus sur le bienfondé d’une telle exigence ?
Comment faire respecter des règles de comportement qui ne sont pas légitimées par les éducateurs de manière univoque ?
La violence en milieu scolaire est souvent banalisée
Tandis que les violences des élèves sont considérées comme des symptômes habituels de l’adolescence ou l’expression du mal être de la famille, la violence symbolique véhiculée par le comportement des enseignants est en général totalement ignorée. La prise en compte du rapport de domination intrinsèque à toute démarche de formation est primordiale dans la réflexion en vue de l’élaboration d’un modèle de vie scolaire de qualité, harmonieuse et efficace. La violence exprimée de manière explicite, parfois spectaculaire des élèves est souvent une réponse à la violence implicite, souvent silencieuse des maîtres.
Dire ou suggérer à un élève – qui est un être en train de se construire – « tu n’y arriveras jamais » a un impact destructeur et démotivant, or des remarques de cette nature sont quotidiennes. Renvoyer un élève de la classe – pratique courante et tacitement accepté – est un acte contre productif et violent qui coupe le dialogue entre maître et élève encore davantage. C’est par ailleurs un aveu d’impuissance pédagogique de la part de l’enseignant.
Le savoir se construit en collaboration à travers un rapport de confiance
Il est également primordiale de reconnaître que la motivation de l’élève est déterminée dans une large mesure par le savoir faire pédagogique du maître, par son aptitude à faire confiance tout en restant exigeant.
Face aux échecs, la démotivation, la violence des élèves la tendance est de baisser les exigences. Or, ce sont les manières choisies pour faire respecter les exigences par les élèves qui devraient être reconsidérées.
Il est moins impératif d’opter pour un modèle scolaire monolithique et facile à justifier sur le plan politique que de mettre à profit les avancés importants réalisés au cours de ces dernières années dans les domaines de la psychologie et des sciences de la communication. Ce sera le sujet de notre prochain article, consacré à la formation des enseignants.
Judit Varadi