« J’emporte avec moi la conscience de ma défaite comme l’étendard d’une victoire », écrivait Fernando Pessoa, l’immense et humble écrivain portugais, dans son « Livre de l’intranquilité ».
Si le Portugal est aujourd’hui sur toutes les lèvres, ce n’est pas seulement grâce à son équipe de football, Championne d’Europe 2016, décrochant la toute première médaille d’or de son histoire; mais parce qu’elle l’a faite dans la dignité et dans l’humilité, en battant la France, chez elle, au Stade de France. Pourtant, la dernière victoire du Portugal face à la France remonte à ..1975. Pendant toute cette période, la France a battu le Portugal 10 fois. Des chiffres qui poussent plutôt à la réflexion.
Grand pays du football, patrie d’Eusebio, de Figo et de l’inévitable Cristiano Ronaldo, le Portugal a traversé cette compétition avec dignité, mais surtout avec humilité. Pourtant la France, entre favoritisme, chance et vantardise bien gauloise,échoua, en finale, à quelques centimètres du poteau du goal portugais qui a sauvé son équipe à maintes reprises décisives. Le France a pêché par orgueil, comme à son habitude, lors des grandes échéances, surtout celles qu’elle organise chez elle. Mais gagner en 2016, après 1984 et 1998, n’avait nullement valeur de prescription ni de fatalité. Bien de failles ont été constatées lors des premiers matchs de l’équipe de France: défense fragile, milieu hésitant, attaque disproportionnée eu égard aux compétences réelles des titulaires. La France a réussi à se qualifier pour la finale grâce au travail de son coach, à des talents individuels, remarquables certes mais pas assez suffisants pour former une grande équipe. Et n’oublions pas, grâce à une dose de favoritisme et des complaisances arbitrales lors du match France/Allemagne en demie-finale. Ce patchwork ne saurait forger un champion d’Europe. Par contre, le Portugal est entré, avec dignité et humilité, dans l’histoire du football mondial. L’équipe portugaise n’a finalement pas eu besoin de génie. Son travail, sa dignité et son humilité l’ont portée vers l’éternité,sur les pas de Pessoa.
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Alex Caire
Extrait – Le Temps perpétuel