Le Comité diplomatique de Genève regroupant les chefs de mission auprès des Nations Unies à Genève vient de porter à sa présidence pour l’année 2010 l’ambassadeur ukrainien Mykola Maimeskoul, Représentant permanent de l’Ukraine auprès de l’Office des Nations Unies.
Actif depuis plus de vingt ans, le Comité diplomatique de Genève occupe une place importante dans le fonctionnement de l’Office genevois de l’ONU ainsi que des autres organisations internationales basées à Genève. Le corps diplomatique et les fonctionnaires des organisations inter-nationales de Genève y sont réunis. Selon ses Statuts, adoptés en 1989, le Comité diplomatique est un organe consultatif tripartite. Conjointe-ment avec le gouvernement de la Suisse (pays hôte) et le Directeur Général de l’Office de l’ONU à Genève, il résout différentes questions liées au fonctionnement des institutions diplomatiques des pays membres de l’ONU. Il veille à assurer la sécurité des représentations diplomatiques et des manifestations internationales, à coordonner l’agenda des conférences onusiennes avec celles des autres organisations internationales, à surveiller les conditions du fonctionnement de nombreuses institutions diplomatiques et secrétariats.
Lors de ses réunions, le Comité Diplomatique analyse toute question qui présente un intérêt pour le corps diplomatique de Genève. Il peut s’agir des privilèges et des immunités, ou des conditions de travail des fonctionnaires (logement, transport, assurance). Les recommandations élaborées par le Comité Diplomatique sont transmises aux autorités suisses compétentes ainsi qu’au Directeur Générale de l’office de l’ONU à Genève. Le point le plus important concerne la sécurité des missions diplomatiques et de leurs employés. Un exemple récent est la création au sein du groupe diplomatique de la police genevoise une ligne téléphonique (en français et en anglais) pour que les collaborateurs du corps diplomatique puissent contacter directement la police au cas des problèmes de sécurité.
Le nouveau président du Comité diplomatique de Genève, Monsieur Maimeskoul m’avait reçue dans son bureau rue de l’Orangerie 14.
Monsieur l’Ambassadeur, quelle est votre vision de » Genève internationale » dans la diplomatie de XXI siècle ?
Pour moi, le terme » Genève internationale » est intimement lié avec des notions comme la paix et la diplomatie. Vingt-trois organisations inter- nationales sont basées à Genève, qui opèrent dans les différentes sphères : désarmement et sécurité internationale, maintien de la paix et recherche nucléaire, commerce et propriété intellectuelle, droits de l’homme et aide humanitaire, environnement et développement durable, protection de la santé et problématique du monde de travail, migrations et télécommunications. L’Office de l’ONU à Genève ainsi que le siège de l’ONU à New York sont les deux principaux centres de coordination de la coopération internationale. Mais Genève est leader en ce qui concerne les conférences, les forums internationaux et les autres manifestations d’envergure mondiale. L’ONU à Genève est le centre le plus actif au monde de la diplomatie sectorielle multilatérale, c’est un lieu où se sont tenus plusieurs négociations et pourparlers historiques. La communauté internationale de Genève dans son sens large se compose des organisations internationales, gouvernementales et non gouvernementales, et des missions permanentes avec leurs staffs. Comparons : en 1920 à Genève il y avait 200 diplomates, y compris des fonctionnaires internationaux.
Aujourd’hui ce milieu représente plus de 40 mille personnes, parmi lesquelles on compte environ 3500 diplomates. Les états-majors de quelques 250 organisations non gouvernementales se trouvent à Genève avec deux à trois milles employés. Cent – soixante – trois pays (164 avec la Suisse) ont une mission permanente à Genève auprès de l’ONU et d’autres organisations internationales (OMC, Conférence sur le désarmement, etc). Donc, il y a plusieurs raisons pour considérer Genève comme l’un des principaux centres de la diplomatie internationale du XXI siècle. En plus, dans le monde actuel de la globalisation, avec ses problèmes et enjeux, le rôle de la » Genève internationale » ne cesse de grandir.
En 2000 vous avez aussi assumé la présidence du Comité diplomatique de Genève. Pourriez-vous nous parler de quelque décision intéressante prise à cette époque ?
L’aspect actuel du Palais des Nations, en particulier l’allée des drapeaux, est le fruit d’une proposition du Comité Diplomatique de Genève. En 2000, une réunion du Comité a pris la décision de mettre une barrière autour du territoire de l’Office de l’ONU pour des raisons de sécurité. Pour montrer la vaste représentation des pays au sein de l’ONU et pour souligner l’importance des décisions onusiennes pour le monde entier, nous avons aussi décidé d’installer les drapeaux nationaux de tous les pays – membres. Aujourd’hui, l’allée des drapeaux est devenu une sorte de symbole de l’ONU de Genève, et elle est parfaitement visible depuis la Place des Nations.
Qu’est-ce que vous vous proposez comme but dans votre rôle du Président pour l’année 2010 ?
Depuis plusieurs années le Comité Diplomatique de Genève joue un rôle important comme vecteur de communication entre la communauté diplomatique, l’Office de l’ONU de Genève et les autorités fédérales et locales. J’espère que cette année, sous la présidence de l’Ukraine, le Comité Diplomatique accroîtra son rôle dans la prise de décisions importantes ainsi que pour resserrer les liens entre les missions diplomatiques, le pays – hôte et l’Office des Nations unies. \Emilia Nazarenko