Pierre Zumbach, un Suisse atypique qui vit en Afrique depuis plus de 20 ans, est venu se mettre, sur invitation, à disposition du développement économique et social dans un secteur encore vierge : la promotion des entreprises par les grands salons et l’entraînement des nationaux aux métiers de l’événementiel.
Q : « PZ », selon le surnom que vous donnent vos collaborateurs, croyez-vous à cette vocation du Cameroun comme pôle de grandes rencontres ?
R : Oui, et depuis longtemps, à travers des observations croisées : en géopolitique, le Cameroun accentue son positionnement dans la vision de la phrase célèbre du Président J.F.Kennedy, « ce pays est la charnière de l’Afrique ». Il est bien aux croisées entre l’Afrique Centrale et celle de l’Ouest ; il est un passage qui devient un trait d’union entre le Nord et le Sud du Continent; de plus, il est un poids lourd parmi les pays qui marqueront l’intégration régionale économique.
Tout cela est vrai pour la capitale Yaoundé ainsi que pour Douala, la métropole économique. Mais la vocation de pôle de grandes rencontres internationales s’attache de plus en plus à Yaoundé : son hôtellerie se développe par cette intuition camerounaise qui déconcerte les planificateurs ; car pour un visiteur, Yaoundé est la capitale africaine la moins onéreuse dans une bonne relation qualité-prix, capable d’accueillir de grandes rencontres de plusieurs milliers de participants. C’est aussi la résidence régionale des grandes Institutions internationales, des Représentations diplomatiques, des Corps Constitués du pays et des rencontres et échanges entre les responsables des secteurs économiques privé et public.
C’est encore le point focal d’une vaste région rurale, plusieurs fois la Suisse en superficie, et qui érige Yaoundé en centre de ravitaillement et de transactions; le nombre grandissant de PME, tous secteurs qui s’implantent à Yaoundé est significatif surtout lorsque ce type d’entreprises devient le premier gisement d’emplois. Et puis, cerise sur le gâteau, Yaoundé bénéficie d’une Municipalité avec à sa tête un homme qui traduit son attachement à sa ville par des actes concrets qui se suivent et se complètent dans la réalité des moyens que la bonne gestion mobilise.
Q : Alors, si je comprends bien, le Salon International de l’Entreprise, Promote, que votre Fondation organise par mandat des Autorités camerounaises sur une base non lucrative rayonne de Yaoundé ?
R : En effet. En plus, le Palais des Congrès, qui devra être complété d’espaces appropriés, n’a pas son pareil en Afrique Centrale pour accueillir de grandes manifestations.
Q : Alors, Promote 2008, c’est bien parti ?
R : Avec la 3ème édition qui se tiendra du 5 au 14 décembre 2008 c’est parti et c’est appelé à se péréniser, selon la volonté du chef de l’Etat. Mais le succès à terme tiendra à l’esprit citoyen de tous les milieux qui réalisent mieux, à chaque édition, tous les 3 ans pour le moment, que l’union fait la force et que les besoins promotionnels de l’entreprise sont liés à l’intérêt général de toute une économie ouverte aux partenariats internationaux.
Q : Quelques chiffres sur Promote ?
R : Les voici. En 2002 nous avons accueilli 700 exposants de 15 pays et 50.000 visiteurs. En 2005, 900 exposants de 19 pays et 80.000 visiteurs. Et enfin la prévision pour 2008: 1000 exposants de 25 pays et 100.000 visiteurs attendus. Tous les principaux secteurs d’activités sont là : l’agro-industrie, l’élevage et la pêche; l’environnement et la forêt; les technologies de l’information et de la communication; les BTP et l’habitat; les industries pour l’extraction, la transformation et la finition; l’énergie; la finance et la micro-finance; la santé; les services, dont la maintenance; les transports; l’habillement, la mode et les tissus, sans oublier le tourisme. Promote est avant tout, dans la convivialité africaine, un pôle de rencontres qui marque profondément ceux qui vivent cette expérience : exposants, visiteurs et tous les adeptes du développement économique et social.
Q : Un mot des atouts économiques du Cameroun ?
R : C’est une économie ouverte et diversifiée basée sur les exportations des produits miniers et agricoles vers les marchés régionaux et le marché mondial, économie en quête d’une valeur ajoutée et d’une productivité accrue. C’est un secteur privé actif, animé par quelques sociétés multinationales et des partenariats bilatéraux, et surtout par un noyau dur d’entrepreneurs locaux désireux d’établir des relations appropriées et maîtrisées pour intégrer des niches du marché mondial.
Q : L’exposition d’art camerounais au Musée Rietberg de Zurich donnera sans doute envie à plus d’un visiteur de connaître le Cameroun. Que pouvez-vous nous dire au sujet du tourisme dans ce pays ?
R : Le Cameroun est un véritable résumé de l’Afrique grâce à sa position géographique, étiré des plages de l’océan Atlantique et des forêts équatoriales profondes du Sud jusqu’au Grand Nord sahélien avec ses extraordinaires paysages lunaires et ses réserves, en passant par les collines verdoyantes de l’Ouest dont la culture représente un des sommets de l’Art africain. Bien sûr, l’infrastructure touristique demande encore à être développée et améliorée, mais la beauté du pays et la chaleur de l’accueil devraient compenser les conditions parfois encore sportives d’un tel voyage.