Interview de Son Excellence, Monsieur ISMAÏL OMAR GUELLEH, Président de la République de Djibouti, Chef du Gouvernement

International NewspapersQ : Monsieur le Président vous êtes le deuxième Président depuis l’indépendance il y a 33 ans. Depuis votre élection en 1999, quel est la réussite que vous tient la plus à cœur ?
1) Il faut peut être rétrospectivement, se rappeler du contexte général dans lequel je suis arrivé au pouvoir. Le pays se remettait à peine de la période de la guerre civile qui avait mis à mal toutes nos infrastructures et notre système productif. Les fonctionnaires accusaient des arrières de salaires de presque 6 mois ! Ce marasme économique était amplifié par les contraintes de l’ajustement structurel du FMI. Voilà en 1999 le panorama socio-économique du pays. Aujourd’hui, les salaires sont payés tous les 25 du mois et la croissance économique est de 5%. Ma fierté c’est d’avoir donné espoir et optimisme aux Djiboutienns qui savent de quoi leur pays est capable.
Q : D’être Président d’un pays n’est jamais simple, surtout lorsque la région connait un peu de turbulence. Comment faites vous pour faire face à tout cela ?
Vous savez, la Corne de l’Afrique a toujours été un foyer de tension. Ce n’est pas une nouveauté. Les sécheresses, les guerres et les famines, rythment le quotidien des populations. Les exemples de la Somalie, en déliquescence depuis 20 ans, ou bien de l’Erythrée, en belligérance depuis son indépendance, sont très illustratifs de ces turbulences qui affectent économiquement mais aussi socialement toute la région. Néanmoins, nous n’avons pas le choix d’abdiquer. Au contraire, notre devoir est d’offrir à nos peuples des perspectives pour pacifier définitivement cette région. C’est pourquoi la diplomatie Djiboutienne s’implique beaucoup dans les négociations régionales. Je voudrais vous rappeler à ce propos que l’actuel gouvernement de Transition est issu de la conférence de Djibouti en 2008. Concernant le différend frontalier qui nous oppose à l’Erythrée, là aussi nous faisons confiance à la diplomatie internationale et notamment à la médiation du Qatar. Notre pays est un îlot de paix et de stabilité pour la région et nous entendons garder cette identité.
Q : Depuis quelques années, on sent qu’il une très forte volonté à développer votre pays. Quels sont les ambitions que vous avez pour votre peuple et votre pays ?
Il est vrai que depuis 1999, nous avons inversé la courbe en passant d’une récession à une croissance aujourd’hui stabilisée à hauteur de 5%. Ceci surtout grâce à l’afflux des investissements étrangers qui ont atteint un niveau record de 40% de PIB avant la crise mondiale de 2008. La position géostratégique de notre pays, adossée à l’Hunterland éthiopien mais aussi aux portes du commerce maritime entre l’Asie, l’Europe et le Moyen-orient et qui transit par Babel Mendab puis par le Canal de Suez nous offre des perspectives commerciales prometteuses. Actuellement, plusieurs grands projets de Ports sont en gestation. Bientôt en Avril nous lancerons le chantier du Port de Tadjourah destiné à ouvrir un deuxième corridor pour desservir l’Ethiopie. Nous avons signé par ailleurs avec un groupe privé chinois pour la construction d’un port minéralier pour exporter le sel du Lac Assal. Avec le Sud-Soudan aussi nous sommes en pourparler pour acheminer le pétrole de cette région. Il y a également des projets d’exportation du cheptel de la région. Tout ceci pour vous dire que nous avons des grands projets qui vont structurer le développement économique de notre pays.
Q : Que considérez vous être les majeurs défis à relever pour vous.
Incontestablement, c’est la lutte contre la pauvreté. Car j’estime qu’une croissance économique qui n’est pas redistribuée équitablement à la population n’a pas de sens. C’est pourquoi, par l’intermédiaire de l’initiative nationale pour le développement social, nous donnons la priorité à la construction des infrastructures sociales et communautaires. L’autre défi majeur, c’est le chômage des jeunes car là aussi la croissance doit avoir pour finalité la production d’emplois.
Q : Finalement monsieur le Président, si vous avez un message aux lecteurs de Diva, quel serait-il ?
Je leur souhaite une bonne année et une bonne santé.