L’Afrique du Sud a rendu hommage à Ibrahim Gambari pour sa lutte contre l’apartheid. C’est la première fois qu’un Nigérian est publiquement reconnu pour sa participation au démantèlement de l’apartheid en Afrique du Sud. Le prix lui a été remis par le président sud-africain qui l’a félicité pour avoir travaillé en étroite collaboration avec des Etats membres de l’ONU pour mettre fin au régime de l’apartheid.

International NewspapersIbrahim Gambari a plusieurs cordes à son arc : il a été professeur des universités –il a enseigné dans plusieurs universités américaines- puis un diplomate de haut niveau. Après des études à la prestigieuse London School of Economics où il se spécialise dans les relations internationales, il s’inscrit à l’université américaine de Colombia où il obtient une maitrise et un doctorat en relations internationales. Une prédisposition naturelle pour les affaires internationales qui le mènera tout naturellement en 1984 au poste de ministre des Affaires étrangères. Il sera ensuite nommé Représentant permanent de son pays aux Nations Unies, une institution qu’il ne quittera plus, puisqu’il occupera successivement les postes de Représentant spécial du secrétaire général et Chef de la Mission d’observation des Nations Unies en Angola, et celui de Représentant spécial conjoint de l’Union Africaine et de l’ONU pour le Darfour. Kofi Annan en fera son Conseiller spécial aux Affaires africaines, puis il deviendra Secrétaire général adjoint aux affaires politiques en 2005.
Pourtant, ce ne sont pas ses titres glorieux mais ses efforts qui ont contribué au démantèlement du régime de l’apartheid en Afrique du Sud qui lui ont valu d’être décoré de l’Ordre du Compagnon de l’Or Tombo, -il a présidé le Comité spécial des Nations unies contre l’apartheid.
« La fin de l’apartheid n’a été possible que grâce aux efforts de Nations et d’individus qui ont pris résolument une position morale et forte contre l’apartheid » a déclaré le président Jacob Zuma en remettant la médaille à Ibrahim Gambari et à sept autres personnes dont les efforts individuels ont permis de mettre un terme à l’apartheid. « Certains de ces individus sont parmi nous aujourd’hui et nous en sommes très honorés. N’oublions pas le rôle crucial joué par Oliver Tambo –d’où le nom du prix- durant ses longues années d’exil. Il a fait d’une petite organisation fragile et vulnérable, une force unie et respectable, en dépit de sa dispersion dans de nombreux pays. Nous lui restons éternellement reconnaissants. »
Pendant les années ou l’apartheid était en vigueur, le Nigéria est monté en première ligne, aux côtés de la Zambie, de la Tanzanie et d’autres pays africains afin de combattre les gouvernements qui prônaient l’apartheid en Afrique.
« Je pense qu’il est temps d’exhumer les archives. Une partie du problème repose sur le fait que nous avons combattu l’apartheid parce que c’était notre devoir, mais que nous sommes toujours très réticents à parler du rôle que nous avons joué et à le faire connaître. Le moment est venu pour l’histoire et pour les générations à venir, de reconnaître le rôle de mon pays et celui que les mouvements anti-apartheid ont joué en Afrique, » a déclaré Ibrahim Gambari.
Célhia de Lavarène, Nations Unies, New York, Novembre 2012