Article publié De nombreux pays pratiquent toujours le recrutement d’enfants soldats. Ne nous voilons pas la face, le phénomène n’est pas nouveau : ce fut le cas au Liberia, au Tchad, en Sierra Leone, en Cote d’Ivoire, en RDC, en République Centre africaine, en Syrie, en Libye. La liste est longue mais non exhaustive. C’est maintenant au tour du Mali d’y figurer.

International NewspapersL’ONU a beau dénoncer l’enrôlement forcé d’enfants au sein des groupes armés, cela n’empêche pas cette pratique de perdurer. Au Mali, les groupes armés rebelles -le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujuao), le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) enrôlent des enfants. Pourtant, ils ne sont pas les seuls puisque les milices pro-gouvernementales en recrutent également. Ces derniers temps, on a évoqué la présence d’enfants combattants dans les rangs des groupes armés. Pour certains experts, « Jusqu’à présent, cela avait lieu dans d’autres pays. Il n’y a pas de précédent au Mali. On a maintenant la certitude que des centaines d’enfants qui sont enrôlés dans des groupes armés. »
Alors que les garçons servent de porte-flingues, les filles –leur nombre est apparemment minime, subissent des violences sexuelles et sont le plus souvent forcées de se marier avec ce qu’on appelle communément « Des seigneurs de la guerre ».
Il est rare que des enfants décident de s’engager volontairement. S’ils le font, c’est pour des raisons financières. Le Mujao promet des compensations financières aux parents ou aux enfants. Parfois, les groupes armés passent des annonces sur les radios locales ou se rendent dans des écoles coraniques pour recrutement. Parfois aussi, les enfants sont tout simplement vendus à des groupes armés islamistes. Mais le plus souvent, ils sont enrôlés de force et formés au maniement des armes. Certains enfants reconnaissent avoir été battus voire torturés. D’autres disent qu’une arme a été pointée prés de leur tête, et qu’on a tiré pour les effrayer. C’est le cas de Salif, 11 ans, Ivoirien. « J’étais en classe explique-t-il, lorsque des guerriers sont entrés. Ils nous ont fait lever, puis ont commencé à tirer en l’air. Nous nous sommes mis à crier, à pleurer. Ils nous ont frappés à coup de crosses pour nous faire taire. Le chef a demandé à une petite fille de sortir des rangs puis l’a coupée en deux avec sa machette. Nous étions terrorisés alors nous avons suivi les soldats. »
Ce que Salif ne dit pas, c’est que ses parents ont été tués sous ses yeux.
Pour l’heure, il est impossible d’obtenir un chiffre fiable sur le nombre d’enfants soldats mais L’ONU estime leur nombre à plusieurs centaines.
Certains enfants reviennent, d’autres pas. Ceux qui ne sont pas morts sont enrôlés dans d’autres groupes armés. Au Mali, on passe facilement du MNLA au Mujao. Les autres sont rejetés par leur famille qui ne veut pas d’un criminel. Le problème qui se pose est celui de la réintégration de ces enfants au sein d’une société qui n’en veut plus.
La mission pour le maintien de la paix des Nations unies qui vient de se mettre en place au Mali et qui devrait prendre les droits humains en considération, parviendra-t-elle a endiguer ce phénomène ? Aujourd’hui, il est difficile de faire pression sur le gouvernement malien et sur les groupes armés. Le pays s’apprête à tenir des élections dans un climat d’instabilité totale, et son unité nationale est à ce jour un vain mot.
Célhia de Lavarène 20 juin 2013