Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté jeudi 5 décembre, à l’unanimité une résolution –sous chapitre 7- qui autorise les forces françaises « à prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca. » La résolution a été adoptée alors que des affrontements meurtriers se sont déroulés dans Bangui. Médecins sans frontières (MSF) signalaient des dizaines de morts et de nombreux blessés, dont certains très grièvement.

Gérard Araud, le représentant français avait bien, dés juin dernier, tenté d’alerter les membres du Conseil sur la nécessité de prévenir une crise humanitaire sans précédent. Sans succès. Les américains, premiers contributeurs au budget de l’ONU (22 %), refusaient tout engagement coûteux et ne voyaient pas d’un bon œil le déploiement de 6000 à 9 000 casques bleus sur le terrain.
Six mois d’intenses négociations auront finalement portés leurs fruits puisque c’est à l’unanimité que la résolution a été adoptée, qui dote la Misca d’un mandat de protection des civils et de stabilisation du pays, et prévoit en outre, la création d’un fonds fiduciaire pour financer ses activités ainsi que la mise sur pied d’une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les violations du droit international, quel qu’en soient les parties responsables. La possibilité d’imposer des sanctions sur les personnes/parties qui seraient jugées responsables de ces crimes est également prévue, tout comme la nécessité de lutter contre l’impunité pour ce qui concerne les crimes les plus graves, y compris les crimes sexuels.
Dans un rapport rendu public le 29 octobre dernier, Amnesty International affirme que de « graves violations des droits humains et exactions ont été commises dans tout le pays, que des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées, et que plusieurs centaines d’homicide, d’exécutions et de viols de femmes et de petites filles ont été commis dans la plus totale immunité, tant par les forces de sécurité que par les groupes armés. Une situation qui ne prête pas à l’optimisme et pousse certains diplomates à se montrer critiques face à la faiblesse des effectifs, au manque d’équipements et de financements ainsi que face à la composante civile restreinte d’une mission d’ores et déjà qualifiée de « mission impossible. »
Les Américains, s’étant opposés à une mission calquée sur le modèle de la Mission de l’Union africaine en Somalie, -financée par l’ONU et l’Union européenne-, ce sont des contributions volontaires qui alimenteront le fonds finançant la Misca. Un problème de taille lorsqu’on sait que sur les 454 millions de dollars promis par les donateurs pour soutenir la force panafricaine au Mali, seuls 37 millions de dollars (27 millions d’euros) ont été versés au fonds fiduciaire créé pour la circonstance.
Aux termes de la résolution, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, devra présenter dans trois mois, « au plus tard », ses recommandations quant à la « transformation éventuelle » de la Misca en une opération de maintien de la paix onusienne. DPKO, le département des Operations du Maintien de la Paix, planche déjà sur le projet.
Célhia de Lavarène