Je viens de recevoir une facture d’un montant de 20.- fr. libellée de la manière suivante : « Si votre paiement ne nous parvient pas avant le 18 janvier 2007, nous serons dans l’obligation de vous éliminer de l’Institut pour défaut de paiement. » 20.- fr – c’est si peu…et pourtant je serai éliminée, si…. La formulation me paraît violente, excessive, comique.
L’habitude s’est répandue dans la société, dans les écoles et dans les familles, de demander quelque chose en annonçant immédiatement et préventivement les mesures de représailles en cas de non obéissance.
Finis tes devoirs, sinon pas de télé !
Termine ton plat, sinon pas de dessert !
Concentre-toi, sinon tu ne passeras pas l’année !
Des messages ainsi formulés ne laissent pas l’opportunité à l’enfant de répondre positivement à notre demande par simple bienveillance ou par pur plaisir de faire plaisir, car ils reviennent à dire : » fais ce que je te demande, sinon, je saurai te contraindre à le faire ! »
Cette manière de demander ne correspond pas à une véritable demande mais à l’annonce d’une contrainte et s’il y a contrainte, l’enfant n’a plus la possibilité de répondre positivement et de sa propre initiative. On ne peut pas obéir en toute liberté, spontanément, sincèrement, sous la menace.
Ranger sa chambre pendant des heures quand on a 12 ans pour faire une surprise à sa mère, pour le plaisir de voir son sourire radieux illuminer son visage dans l’entrebâillement de la porte à son retour du travail, n’est pas la même chose que ranger sa chambre sous la menace de ne pas recevoir d’ argent de poche pendant une semaine.
Juste pour le plaisir
Mais pourquoi supposer que mon enfant ou mon contemporain que je côtoie dans mon travail, dans la rue, dans une administration ou dans une grande surface ne voudra pas répondre positivement à ma demande juste pour le plaisir de m’être agréable ?
Les véritables raisons qui poussent les individus à adopter préventivement des attitudes d’autodéfense résident dans leur sentiment d’impuissance et dans leur croyance que l’on ne leur obéira que s’ils feront savoir d’emblée qu’ils ont les moyen de se faire obéir.
Le problème majeur résultant de cette attitude d’autodéfense préventive consiste dans le fait qu’en supposant que l’enfant n’obéira que sous la contrainte, nous le privons de la possibilité de dire oui à notre demande par sa propre bonne volonté et nous lui donnons l’impression que nous n’avons pas confiance en lui.
Judit Varadi Ecole de langues Varadi SA Geneve