« Un triste jour pour les syriens. Un triste jour pour le Conseil. » par Célhia de Lavarène
- Les réactions de la plupart des membres du Conseil de sécurité de l’ONU étaient unanimes ce vendredi 20 décembre, après que la Russie et la Chine ait voté contre la résolution humanitaire proposée par l’Allemagne, la Belgique et le Koweït.
Jusqu’au bout, le suspense aura été total pour tous ceux qui espéraient que la Russie et la Chine voteraient en faveur de cette résolution humanitaire. Pourtant, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur la résolution qui devait renouveler la prolongation de l’aide humanitaire transfrontalière dont devait bénéficier quatre millions de Syriens. L’Allemagne, la Belgique et le Koweït, avaient proposé un deuxième texte de compromis qui n’a pas reçu l’approbation de la Russie et de la Chine qui ont apposé leur veto à la résolution
« Il est honteux que le régime syrien continue d’instrumentaliser l’aide humanitaire, a déclaré Anne Gueguen, la Représentante permanente adjointe française, appelant néanmoins les états à poursuivre le dialogue, « comme le demandent le Secrétaire général de l’ONU et les agences humanitaires », a-t-elle précisé.
« Je suis assise devant chacun de vous en état de choc. Les conséquences du veto de la Fédération de Russie et de la Chine à cette résolution du Conseil de sécurité, seront désastreuses. Cette décision est dangereuse, irresponsable et cruelle », a pour sa part déclaré Kelly Kraft, la Représentante permanente des Etats Unis et présidente du Conseil de sécurité pour le mois de décembre, cependant que Karen Pierce, la Représentante permanente de Grande Bretagne parlait de « jour triste et regrettable, ajoutant que « les russes ne devraient pas jouer avec la vie des syriens. »
Au centre des désaccords : une demande de prolongation d’un an pour l’autorisation transfrontalière en vigueur depuis 2014, qui permet à l’ONU de traverser les frontières et les lignes de front en vue d’apporter de la nourriture et des médicaments à une population syrienne exsangue.
Les co-auteurs du texte demandaient cinq points de passage frontaliers –trois avec la Turquie, un avec l’Irak et un avec la Jordanie cependant que la Russie demandait une extension de six mois seulement, et deux points de passage : -entre la Syrie et la Turquie-. Les cosignataires du texte, qui avait pourtant parlé de ‘ligne rouge’, ont finalement cédé sur le nombre de points de passages frontaliers, -deux à la frontière turque, un à la frontière irakienne.- Autre concession, le texte ne mentionne plus une prolongation d’un an, mais prolonge l’autorisation transfrontalière pour une période de six mois, suivie d’une période supplémentaire de six mois –excepté si le Conseil en décidait autrement.
La Russie, soutien indéfectible du régime syrien, assure que le Président Assad ayant repris suffisamment de contrôle dans son pays, l’autorisation devrait être revue à la baisse. Une évaluation avec laquelle les autres membres du Conseil –sauf la Chine- ne sont pas d’accord. Selon le département des Affaires humanitaires de l’ONU, l’aide transfrontalière est d’une importance vitale pour les millions de Syriens dont les conditions de vie se sont dégradées depuis un an et alors que la Syrie va entrer dans une période hivernale.
« En 2020, aucun syrien ne devrait se voir privé du droit de recevoir une assistance humanitaire parce qu’il vit dans une région non contrôlée par le Gouvernement, ou craindre que les opérations militaires du régime d’Assad et de la Russie n’obligent les convois d’aide de l’ONU à rebrousser chemin », a déclaré la délégation des États-Unis, qui a en outre prévenu que l’attitude cynique du « régime syrien » ne sera pas tolérée.
Célhia de Lavarène, décembre 2019