Le 17 octobre, l’Assemblée générale des Nations Unies a élu 14 nouveaux membres au Conseil des Droits de l’Homme, pour un mandat de trois ans qui prendra effet en janvier 2020. En dépit de l’opposition des ONG et de plusieurs dirigeants d’Amérique latine, le Venezuela a obtenu 105 votes. L’annonce de sa victoire a été accueillie par des applaudissements.
Parmi les 14 pays élus, figurent des pays dont le bilan en matière de droits humains est tristement discutable. Parmi eux : le Venezuela, la Mauritanie, la Libye et le Soudan. Le président Maduro a immédiatement réagi sur twitter : « Le Venezuela fait son entrée au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en tant que pays libre et souverain. » Une majorité de 97 voix étaient nécessaires pour obtenir un siège. Ce vote est d’autant plus incompréhensible que fin septembre, le Conseil des droits de l’homme avait décidé de créer un groupe d’experts chargés d’enquêter sur les violations des droits humains commises au Venezuela depuis 2014.
La veille, lors d’une conférence de presse, Louis Charbonneau, le représentant de Human Rigths Watch (HRW) avait prévenu: “Maintenant que les États membres de l’ONU ont le choix, il n’ont aucune excuse possible pour voter pour le Venezuela” avant de rappeler que plus de 4 millions de Venezueliens ont fui leur pays afin d’échapper à l’urgence humanitaire et aux crises politique, économique, et des droits de l’homme.
Dès l’annonce des résultats, l’ambassadeur d’Israël auprès des Nations Unies, Danny Danon a déclaré : « Le conseil des droits de l’homme continue d’abandonner les droits de l’homme et se consacre désormais à la protection des dictateurs et des crimes de guerre. Au Venezuela, un dictateur affame son peuple et en Libye, il y a des camps dans lesquels des migrants africains sont torturés. »
“L’élection du Venezuela au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies est une honte, un embarras pour les Nations Unies et une tragédie pour le peuple du Venezuela” a déclaré Kelly Craft, la représentante des Etats Unis auprès de l’ONU. “Elle prouve que le Conseil des droits de l’homme est un organisme qui ne fonctionne pas et justifie le retrait des Etats Unis.”
En 2016, la Russie avait perdu sa réélection au Conseil des droits de l’homme par 2 voix à la suite de l’indignation suscitée par le bombardement de civils à Alep, en Syrie. Il n’en aura pas été de même pour le Venezuela. Une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis, des pays d’Amérique latine et d’Europe, jugent le président Maduro illégitime. La Russie et la Chine, parmi d’autres, le soutiennent.
Pour mémoire : le Conseil des droits de l’homme a été créé en 2006 pour remplacer la Commission des droits de l’homme, dont la crédibilité avait été entachée par des pays ayant commis de graves violations des droits humains, respecte le principe d’une répartition géographique, avec 13 sièges pour l’Afrique, 13 pour l’Asie-Pacifique, 8 pour l’Amérique latine et les Caraïbes, 7 pour l’Europe occidentale et autres et 6 pour l’Europe de l’Est.
Ses 47 membres sont renouvelés chaque année pour environ un tiers d’entre eux.
- Celhia de Lavarene
- 18 Octobre 2019