
Le Salon Africain du Livre De Genève : l’espace Stands des Partenaires Artlink: Ils ne Sont pas Que Pauvres
Madame Chudi Bürgi, j’ai appris que votre organisation a pour but de promouvoir et de faire connaître en Suisse la littérature d’Afrique. Pouvez-vous m’expliquer la raison de ce choix ?
Chudi Bürgi. Notre association qui s’appelle Artlink, s’occupe non seulement de la littérature mais de tous les autres arts – musiques, peintures, danses, sculptures –, pas seulement d’Afrique mais aussi d’Asie, d’Amérique latine et de l’Europe de l’Est. Nous sommes une organisation d’entraide, de développement et voulons montrer une autre image des peuples de ces continents à d’autres parties du monde et pas seulement la pauvreté. Nous voulons donc montrer qu’il y a dans ces pays des cultures, des artistes. Il y a vingt ans que notre organisation a été crée. Dans le domaine de la littérature, nous travaillons plus dans les langues allemande et française parce que la situation est différente en langue française. Il y a des écrivains qui écrivent comme première langue en français comme si c’était leur langue maternelle. Leurs écrits n’existent pas en Allemand. Il n’y a pas d’Asiatiques et d’Africains qui commencent à écrire en allemand. Ce sont donc des traductions qui doivent être faites. On essaie de promouvoir ces écrits et de montrer la richesse culturelle des autres continents.
Vous dites que vous voulez montrer au peuple suisse que les peuples de ces pays ne doivent pas être perçus uniquement en termes de pauvreté. Est ce que la présentation de ces cultures permet au public suisse de percevoir la pauvreté et ces pays différemment ?
Chudi Bürgi.- Par la littérature, la musique et d’autres arts, nous montrons que les auteurs sont des personnes très sensibles qui font connaître à travers leurs œuvres, leurs points de vue de la vie, du monde et même leurs opinions au sujet de l’évolution de leur pays d’origine. Le public suisse peut considérer ces artistes comme des personnes qui leur apportent un autre éclairage sur les humains et les choses. Il s’agit d’un échange de leurs expériences non seulement comme artistes mais de leurs opinions sur l’esthétique. Et cela est toujours intéressant et enrichissant.
Est ce que vous avez déjà pu évaluer l’impact sur le public suisse, de ce travail de promotion en Suisse des arts des pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et d’Europe de l’Est ?
Chudi Bürgi.- C’est difficile. Je dois vous dire que notre association n’est pas la seule à faire ce travail de promotion. Par ailleurs, nous ne sommes pas un personnel nombreux pour pouvoir entreprendre cette évaluation. Nous avons les moyens de faire notre travail partout en Suisse. Nous le faisons pas à pas.
Je comprends. Je considère que votre travail est très important. Parce que les questions de développement sont parfois morcelées. D’autres approches du développement consistent à prendre les problèmes de façons fragmentaires et non inclusives comme si en donnant cent mille francs suisses pour résoudre un problème, tous les autres problèmes seront aussi résolus. On ne voit pas tous les aspects du développement d’un pays ou d’un peuple. Après ce pays ou ce peuple évolue vers où ?
Vous par contre, vous arrivez et vous prenez les œuvres culturelles des gens de ces pays et vous les faites connaître aux Suisses. Je dirai que votre travail vise une coopération complète. Que vous soyez seule ou plusieurs, ce qui compte avant tout, c’est le principe qui compte. À mon avis, votre façon de faire aboutit à une coopération complète qui développe la compréhension et l’entente entre des peuples.
Est-ce que votre organisation entretient des relations avec des associations d’écrivains, de musiciens, de peintres, etc. des pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et d’Europe de l’Est ?
Chudi Bürgi.- Notre travail se fait ici en Suisse. Nous ne travaillons pas dans les pays des artistes. Bien sûr nous recevons parfois des requêtes de certains artistes qui souhaitent venir présenter leurs œuvres ici en Suisse. Nous servons de liens avec ces artistes mais aussi avec les artistes de ces pays qui résident en Suisse.
Je trouve par exemple que le Salon du livre africain est une excellente réalisation. Je ne dirai par que tout y est parfait. Mais la possibilité y est offerte pour l’expression d’artistes d’Afrique, pour des échanges sur des questions sur de nombreux sujets, pour des rencontres, pour des acquisitions de livres, etc.
Et puis, il nous arrive d’avoir des indicateurs significatifs. Par exemple, dans mon train de Zurich ? Genève pour me rendre au présent festival, j’ai rencontré des femmes qui, ayant vu l’annonce du Salon dans la presse, ont décidé de venir voir ce que les Africains produisent dans le domaine des livres. Ce qui restera dans leurs têtes, c’est que les Africains ne sont pas seulement des joueurs de tam-tams, mais ce sont aussi des écrivains qui produisent des romans des pièces de théâtre, des recueils de poèmes, etc. Et cela c’est important pour éliminer les malentendus et les préjugés.
Une dernière question. Est-ce que vous êtes vous même une femme de culture ? Musicienne, peintre, écrivain ?
Chudi Bürgi. A l’université, j’ai étudié la littérature allemande. Pendant mes études, j’étais déjà ouverte aux littératures non seulement des auteurs des pays occidentaux, mais aussi des autres continents. Je ne suis pas artiste. J’ai aussi travaillé comme journaliste et mon travail actuel me comble.
Tchaptchet Jean-Martin* jean_martint@yahoo.fr
* Ecrivain et conseiller en coop ?ration internationale