Le r?ve se poursuit et les vacances continuent !
Avec pour entame de notre deuxi?me journ?e dans l’Oc?an Indien un copieux petit-d?jeuner en bord de mer. Puis, l’estomac bien cal?, nous quittons la Pointe d’Esny pour Port-Louis, capitale et port principal de l’?le, en louvoyant sur des routes pleines de senteurs, bord?es tant?t de vastes champs de canne ? sucre, tant?t de plantations de th? vert.
Ce n’est certes pas l’option la plus rapide. Mais notre d?sir de tout d?couvrir et notre joie d’?tre en vacances font que nous nous mettons ? la disposition de notre chauffeur-guide. Nous prenons la direction du sud. Vers la Rivi?re des Anguilles, par une route parfum?e de vanille, puis Saint- Aubin – et son restaurant cr?ole log? dans une magnifique maison de l’?re coloniale – et Souillac : ses chutes de Rochester – curieuses sculptures, que l’on dit naturellement fa?onn?es par la coul?e de petites cascades d’eau dans une lave fragile – et la Roche qui pleure.
Village attachant, village diff?rent, Souillac m?rite le d?tour. Construit sur les hauteurs de falaises abruptes et sauvages, ? l’instar de celles de Gris-Gris, au sud, cette localit? a du charme. Souvent balay?e par un souffle puissant venant du large, elle est en contraste avec les lagons enchanteurs de l’?le.
Ce d?tour par la c?te sud nous permet d?j? de mieux saisir l’?me du pays. Au travers de nombreuses petites agglom?rations aux teintes particuli?rement locales : saris multicolores mettant en valeur la beaut? des femmes mauriciennes et abondance de fruits et l?gumes ? l’?talage des march?s laissant deviner diverses saveurs. C’est aussi un beau trajet, qui serpente vers les hauts-plateaux, non loin de la Route du Th? et de Bois Ch?ri, vers la Vall?e des Couleurs, Bassin Blanc, et Grand Bassin.
Grand Bassin – dont l’eau serait, selon la croyance des hindous orthodoxes, en contact avec celle du Gange en Inde – est chaque ann?e, au mois de f?vrier, le th??tre de Maha Shivahatree, une f?te religieuse, » grandiose et populaire » en l’honneur de Shiva – l’une des trois figures de la trinit? hindoue.
Cette manifestation, pieuse, se d?roule pendant quatre ou cinq jours : p?lerins et d?vots, v?tus de blanc, portants des magnifiques » Kanvar » *,envahissent alors les routes du pays et se d?placent en cort?ge vers ce m?me bassin afin de se purifier !
Tr?sors d’un port et tisanes miraculeuses !
Grand Bassin c’est aussi le crat?re d’un volcan ?teint, situ? ? plus de 700 m?tres d’altitude, au niveau du plateau central. Tout comme le Trou – aux -Cerfs, autre chef-d’?uvre du volcanisme et de la nature, d?sormais site de ballades amoureuses – dominant les villes alentours.
C’est d’ailleurs au pied de cette » d?pression conique » que, jadis, s’arr?taient et campaient les marins et soldats hollandais, afin de curer leur pipe.
Curepipe est effectivement le nom de la principale ville r?sidentielle du pays. Situ?e ? mi-chemin entre l’a?roport et le seul port commercial, elle poss?de quelques beaux tr?sors architecturaux : un h?tel de ville construit de bois tropical, ?pousant le style des maisons coloniales, et dans la cour municipale, une statue de Paul et Virginie, ces h?ros l?gendaires n?s de l’imagination de Bernardin de Saint-Pierre.
Quelques m?tres plus loin, sur la route » royale « , le visiteur passe devant un magnifique b?timent, fait de pierres volcaniques, qui depuis de nombreuses ann?es abrite l’un des plus anciens coll?ges (18?me si?cle) du Commonwealth britannique.
Sur proposition de notre ami chauffeur-guide, nous marquons ? notre tour une ?tape. Avec un int?r?t particulier pour le vieux marchand de faratha et de samousas, ces d?lices magnifiquement ?pic?s pour mieux nous relancer dans notre » conqu?te » des tr?sors mauriciens.
La descente vers la capitale commence alors. Avec son nouveau » front de mer « , son march? exotique et son quartier chinois, Port-Louis – tr?s imag?e et tr?s contrast? – n’est en effet plus trop loin.
Ancr? en arc de cercle au pied de la cr?te du Pieter Both et de la Montagne du Pouce, la cit? de Port-louis est le rendez-vous quotidien de nombreux » ?trangers « .
Hommes et femmes d’affaires, simples curieux, touristes, ?coliers, et autres » vagabonds » viennent de toutes les parties de l’?le, soit pour gagner leur vie, soit pour » commercer » et compl?ter leurs shoppings. Autant que faire se peut, ils se faufilent, entre voitures et taxis, dans un bruit incessant de klaxons et passent d’une ruelle ? l’autre, donnant ? la ville un aspect de fourmili?re.
Dans ce » souk « , marqu? aussi par la pr?sence de marchands ambulants, nous avons imm?diatement l’impression d’?tre dans un vrai melting-pot o? diff?rentes ethnies, cr?oles, indiens, chinois et europ?ens vivent cependant en parfaite harmonie.
Au march? central, passage oblig? du touriste visiteur, les nombreux commer?ants nous interpellent, dans un cr?ole » raffin? « , et nous vantent la qualit? de leurs produits : journaux locaux, billets de la loterie nationale, fruits et l?gumes du pays, sans oublier les fameux » dhall purri « **.
Mais les plus convaincants sont sans aucun doute les marchands d’herbes pour tisanes miraculeuses. Diagnostiqueurs sans dipl?mes, ils vendent leurs produits avec talent et conviction ? tel point qu’ils vous font croire qu’ils poss?dent des rem?des ? tous vos maux !
Fi?vre typho?de, calculs r?naux, paludisme et autres maladies n’ont pas de secrets pour ces charmeurs de foires, qui savent, par ailleurs, redonner espoir aux » amants infortun?s « .
Cette cit?, fond?e par Fran?ois Mah? de Labourdonnais, en 1735, a beaucoup de charme et d’?l?gance…historiques : la statue du c?l?bre gouverneur fran?ais, solidement install?e face au port, sur la Place d’Armes, celle de la Reine Victoria, debout, toute fi?re, devant l’H?tel du gouvernement, sont en effet toutes deux les t?moins d’une autre ?poque.
Autre ?poque qui nous transporte dans le temps, vers un pass? d?j? lointain. Pour un rendez-vous avec l’histoire de cette ?le et l’histoire des mauriciens.
Histoire ancienne certes, mais aussi histoire r?cente. Au Caudan, sur le front de mer, au milieu d’une architecture moderne, il y a d?j? le Blue Penny Museum***, ?tabli en 2001.
Puis de l’autre c?t?, vers le Champ de Mars, non loin du magnifique Th??tre de Port-Louis, il y aussi le Mus?e de la Photographie, v?ritable m?moire au sein de la cit?. Tous deux m?ritent que l’on s’y attarde.
Un arr?t au Mus?e d’Histoire Naturelle s’impose ?galement. Ce monument, prot?g? car construit en 1842, est d?sormais le lieu qui abrite, entres autres, un squelette de l’oiseau national mauricien : le Dodo !
Bien que l’on dise souvent, » Dead as a Dodo » ce gros oiseau, ? la double r?putation de » b?te et paresseux » demeure une vraie » l?gende « . Et contrairement aux jeunes amants de Bernardin de Saint-Pierre, le Dodo, ou Dronte, esp?ce end?mique, a r?ellement exist?. D?sormais il est » vivant « , aussi bien, dans la m?moires des amoureux de ce merveilleux petit pays, que dans celle des passionn?s d’ornithologie.
Champ de Mars et courses hippiques
A vol d’oiseau de la Place d’Armes, et au bout du la rue du gouvernement, c’est le Champ de Mars, reconnu comme ?tant le plus vieil hippodrome de l’h?misph?re sud.
Depuis bient?t 200 ans – puisque la premi?re course de pur-sangs a ?t? organis? le 25 juin 1812 ? l’initiative du Colonel Draper – le Mauritius Turf Club g?rent, de fin avril ? d?but d?cembre, une trentaine de journ?es hippiques. Ces diff?rentes manifestations – qui r?unissent tout au long de la saison, pr?s de 350 chevaux, appartenant ? 14 ?curies diff?rentes, mont?s par des jockeys internationaux, nationaux et apprentis locaux – sont tr?s pris?es par les diff?rentes classes sociales du pays.
Chaque semaine – tant?t le samedi pour les r?unions » ordinaires « , tant?t le dimanche pour les » grandes classiques « , telles que la » Duchess of York Cup « , en avril, pour l’ouverture du calendrier, ou » l’International Jockeys Day « , en d?cembre, pour la fermeture les amateurs de courses hippiques se r?unissent, autour d’une piste elliptique, relativement petite, pour encourager et applaudir les participants.
Chaque semaine, dans une ambiance populaire, les mauriciens, souvent r?unis en famille, viennent oublier les maux du quotidien et se lancent dans des paris audacieux sur des courses souvent passionnantes.
Jacques-D?sir? Courtiade.
* : Kanwar : structures en bois couvertes de fleurs et de miroirs ** : Dhall purri : galettes sal?es servis soit avec du cari mauricien, soit avec du » chatini pomme d’amour » *** :Le Blue Penny Museum porte le nom du timbre-poste le plus cher au monde et a ?t? cr?? ? l’initiative de la Mauritius Commercial Bank **** : Ce th??tre a ?t? construit au 19?me si?cle, sous le r?gne du gouverneur anglais, Sir Robert Farquhar.