A propos de la vie en République Démocratique Allemande au moment de la chute du mur de Berlin
Deux films ont été proposés aux spectateurs de l' »Allemagne réunifiée » par la DEFA (DEUSTCHE FILM AG) organisme controversé car il a été le studio d’État de la RDA donc soviétique. Ces films sont en corrélation d’ailleurs, avec le producteur MOSFILM.
Il s’agit de :
DER GETEILTE HIMMEL, Le Ciel Partagé, sorti en 1964, du réalisateur Konrad Wolf. Ce film est adapté du roman Le Ciel Divisé, paru en 1963 de Christa Wolf. Le film n’a pas été récompensé à la Biennale de Berlin, jamais et, je pense donc, savoir pourquoi ! certes la distribution est bonne : Eberhard Esche (bien de son époque : l’acteur a un jeu un peu compassé) et l’actrice Renate Blume (dans le rôle d’Anna) tout autant est convaincante de sensibilité retenue en début de film quand elle ressemble aisément à une héroïne russe de l’œuvre de Dostoïevski. Elle se transformera, alors qu’elle passe à l’ouest de l’Allemagne, lentement, en passionaria redoutablement nostalgique de « l’Allemagne de l’Est » son pays qu’elle a quitté et dont elle garde la nostalgie. Anna y retournera.
Le spectateur ne peut pas s’empêcher de songer que les Allemands actuels continueront de payer « l’impôt de réunification » qui finance depuis 21 ans des infrastructures de l’ex-RDA…voir le Figaro du 25/07/2011.
Le second film, DIE FRAU UND DER FREMDE, La Femme et L’Étranger, du réalisateur Rainer Simon est plus facile d’accès et il a obtenu l’OURS D’OR à la Biennale de Berlin dans les années quatre-vingts. Le personnage central de ce film dramatique ressemble à celui du Colonel Chabert.
La vie de Hyacinthe Chabert, Colonel sous Napoléon Bonaparte qui avait été déclaré mort à la bataille d’Eylau…œuvre de notre illustre auteur Français Honoré de Balzac, s’apparente à celle du pauvre Richard, en moins glorieuse, mais tout autant douloureuse. L’intrigue de – la Femme et l’Etranger- est différente, le dénouement aussi et l’interprétation du second personnage par l’acteur Joachim Läesch est magnifique ainsi que celle de Peter Zimmermann. Pour illustrer mon propos et rétablir la vérité, laissez-moi citer Fiodor Dostoïevski : » il faut que tout tende de soi-même, inconsciemment, à la fraternité, à la communauté, à l’harmonie et que tout y tende malgré les souffrances séculaires de la nation, malgré la grossièreté barbare et l’ignorance enracinée de la nation, malgré l’esclavage séculaire, les invasions étrangères, en un mot, il faut que le besoin d’une communauté fraternelle soit dans la nature de l’homme, qu’il soit né avec lui ou qu’il l’acquière comme une habitude prise depuis des siècles. »
L’utopisme et la guerre en général, ont oubliés la douleur des gens… j’avais préféré le film polonais, Cold War, de Pavel Pavlikowsky, concernant le mal-être ressenti ou le mal du pays dit-on parfois ainsi que la douleur lorsque l’on voit son niveau de vie changé ou son pays auquel il faut s’adapter ou le quitter.
- Véronique VESVAL.
- Sources : Films projetés à Cannes.
- Le Figaro. Information juridique de David Fillipot journaliste qui a écrit l’article du 25/07/2011 dans le Figaro. France.
- Une citation de Fiodor Dostoïevski tirée du petit livre – Le Bourgeois de Paris – Éditions Rivages de poche
COLD WAR de Pavel PAVLIKOWSKI. Festival du Film de Cannes 2018.
Nos amis polonais, patriotes et croyants ont toujours su garder la tête haute malgré les malheurs des pauvres polonais or, ce film mettant le projecteur sur la période de l’après-guerre mondiale plutôt heureuse pour les autres pays libérés du fascisme, en Pologne s’avère assombrie parce que la Pologne a enchaîné aussitôt avec l’influence néfaste et dictatoriale de Staline sur ce pays alors qu’il aurait pu, comme les autres, reprendre son souffle comme par exemple en mettant en place une politique de mise en valeur du patrimoine traditionnel musical paysan de la Pologne avec les chants, les instruments de musique et les danses folkloriques. Ainsi, les personnages principaux du film sont des artistes et sont mis à contribution pour ce programme : Viktor (l’acteur TOMASZ KOT) dont la qualité première est d’être pianiste, excellent interprète de Chopin. Il aime sincèrement et viscéralement la Pologne, son pays et il possède une grande ouverture d’esprit et une grande sensibilité qui lui serviront à s’adapter parfaitement aux années de Jazz à Paris et ses caves réputées où il s’épanouira et pourra même gagner sa vie malgré l’exil mais on le poursuivra pour s’ être volatilisé de la Pologne, utilisant son talent ailleurs que dans son propre pays supervisé par les bureaucrates du parti dont est issu le second personnage, Kaczmarek. Cet homme recrute dans un premier temps des jeunes gens de la campagne, sélectionne les meilleurs avec l’aide de Viktor et ils parviennent à constituer le groupe Mazurka qui parcourra les scènes internationales et dont la première danseuse est Irena, jolie, talentueuse chanteuse et danseuse qui n’a pas froid aux yeux. Viktor est séduit par elle dont il dira qu’elle est hors norme, qu’il l’aime et que c’est la femme de sa vie mais elle, est une femme blessée par son enfance à la campagne où la vie rude a déteint sur elle d’autant plus qu’elle a été abusée sexuellement par son propre père. Elle est surtout formatée par l’éducation qu’on lui inflige, un véritable recrutement quasi militaire dans cette troupe mais elle n’a qu’un but survivre et elle est prête à tout quand elle a décidé quelque chose. Un inconvénient majeure dû à son instabilité, à son amour réel de son pays ou à un tempérament dur, elle aura le mal du pays alors que résidant à Paris, ce qui était devenu une chance que Viktor avait eu l’intelligence de saisir, elle ne jouera pas le jeu et préférera retourner en Pologne mettant en difficulté Viktor, s’en étant désolidarisé, il sera récupéré et condamné à quinze ans de prison. Pour le sortir de là, elle n’hésitera pas à faire intervenir Kaczmarek qui sollicitera certainement ses appuis au parti mais il voudra l’épouser. Sans vergogne elle fera tout pour sauver Viktor qui à son tour viendra la reprendre et la sortir du milieu stalinien dont elle a enfin compris, je pense le malheur qu’il a imposé à la Pologne mais je ne me permettrai pas de juger leur attitude puisque ce sont les parents du réalisateur à qui il a dédié son film toutefois, il semble risqué de les mettre en pâture au jugement politique ambiant puisque à l’époque la collaboration, la terrible délation hélas typiquement repérables dans les pays soviétiques sont actuellement insupportables à évoquer de nos jours en Pologne qui veut vraiment passer à autre chose alors, je dirai seulement que cet amour décrit n’était pas un amour impossible puisqu’il a réellement existé.
Mais qu’il était froid comme la guerre froide, violent et idéologique avant tout qu’ il leur a, en fait, gâché la vie, exception faite qu’ils ont aimé, à leur façon, tout de même leur pays et c’est déjà héroïque que cela.
- Véronique VESVAL.