Le Conseil de sécurité, réuni en urgence le 21 juillet a adopté à l’unanimité la résolution 2166, proposée par l’Australie et coparrainée par 23 pays dont la France, qui condamne la destruction du vol MH17 de la Malaysia Airlines survenue le 17 juillet, et demande un accès libre et sécurisé de la zone du crash.

Le vote s’est tenu en présence de Frans Timmermans, le ministre des Affaires étrangères néerlandais, et de ses homologues australien e luxembourgeois, Julie Bishop et Jean Asselborn. Les Pays-bas ont perdu 193 ressortissants et l’Australie, 27. La résolution condamne la destruction de l’appareil, exige que tout soit mis en œuvre pour permettre le travail rapide des enquêteurs et appelle toutes les parties et tous les Etats de la région à garantir un accès immédiat et sans entrave au site de la catastrophe, aux dépouilles des victimes et aux éléments matériels.
Pour l’Australie, « Le deuil se mêle à la colère. » Julie Bishop a qualifié de « scandale absolu » l’attaque contre l’avion malaisien, et fustigé « les violations grotesques commises sur le site du crash » par les rebelles pro-russes. « Nous n’aurons de cesse de ramener chez eux » les victimes de cette catastrophe, a-t-elle conclu.
Pour la France, l’adoption de la résolution prouve que « la communauté internationale a fait un premier pas vers l’élucidation du drame, l’établissement des responsabilités et l’exigence de justice. « Nous exprimons notre plus vive inquiétude alors que les rapports dont nous disposons continuent de faire état de blocages répétés de la part des séparatistes. Nous exigeons que le site de la catastrophe ne fasse plus l’objet d’aucune altération ni de manipulation. »
La résolution n’est assortie d’aucune sanction ou menace de sanction contre les pro-russes. Le texte original mis au point par l’Australie a été remanié deux fois pour prendre en compte les préoccupations de la Russie, qui veut notamment s’assurer que l’Ukraine ait le moins de rôle à jouer dans l’enquête.
Frans Timmermans, le représentant de la Hollande, le pays qui a perdu le plus de ressortissants dans le crash de l’avion, a choisi de frapper les esprits avec des mots chocs : « Nous ne saurons jamais quels ont été les derniers moments de leur vie, quand ils ont su que leur avion allait s’écraser. Ont-ils tenu les mains de leurs proches, ont-ils serré leurs enfants contre leur cœurs, se sont-ils regardés dans les yeux, une dernière fois, pour un adieu inachevé ? Jusqu’à mon dernier jour je ne comprendrai pas qu’il ait fallu autant de temps pour que les secouristes soient autorisés à faire leur difficile travail. J’espère que le monde n’aura, à l’ avenir, pas à voir cela une fois de plus. Les images de jouets jetés, les bagages ouverts et pillés, des passeports présentés devant les caméras, ont changé notre chagrin et notre deuil en colère. Nous exigeons le libre accès au terrain. Nous exigeons un traitement respectueux du site de l’accident. »
« Même après l’adoption de cette résolution, il est intéressant de se demander : s’il y a vraiment un consensus autour du fait que ce crime mérite une enquête immédiate et impartiale, pourquoi éprouvons-nous le besoin de nous réunir aujourd’hui pour en obtenir un ? » a déclaré Samantha Power, la représentante américaine, alors que le représentant russe tentait de faire porter le blâme à l’Ukraine. « Les américains devraient être mieux informés. Il n’y a aucun besoin de tourner une tragédie en farce. » Le président russe, Vladimir Poutine, pointé du doigt par la communauté internationale, pour son soutien politique aux rebelles, a demandé qu’un accès sécurisé soit garanti aux experts internationaux.
Lundi 21 juillet, une trentaine d’experts internationaux, dont une majorité de Néerlandais, sont arrivés sur les lieux de la catastrophe et ont pu pour la première fois commencer à examiner les cadavres.
Célhia de Lavarène, Juillet 2014