Conseil de Sécurité sur la Question Vénézuélienne 28 fev. 2019
Lors de la réunion du Conseil de sécurité qui s’est tenue jeudi 28 février, Moscou et Pékin ont apposé leur veto au projet de résolution introduit par les Etats Unis, qui préconisait des élections ‘libres, justes et crédibles’ ainsi qu’une distribution ‘sans entrave de l’aide humanitaire, en dépit du refus du président Maduro. Si le texte de la résolution américaine a bien reçu les 9 voix nécessaires pour être adoptée, les votes négatifs de la Russie et de la Chine lui ont été fatals. Rappelons qu’une résolution a besoin de neuf votes favorables (sur 15) pour être adoptée, et qu’un vote négatif de l’un des cinq membres permanents la bloque. Le texte russe appelait quant à lui, à des négociations entre M. Maduro et ses opposants, ainsi qu’à une déclaration selon laquelle le gouvernement de M. Maduro devrait superviser toute distribution de l’aide humanitaire internationale.
Jeu de dupes: Aucun des diplomates présents ne s’attendaient à ce que la résolution américaine soit adoptée par les russes pas plus que les russes ne pensaient recevoir l’appui des américains et de leurs alliés qui accusent le président Maduro d’avoir conduit l’économie au bord de la faillite et provoqué une catastrophe humanitaire qui a forcé plus de 3,4 millions de vénézuéliens à fuir le pays.
Les États-Unis et une cinquantaine d’autres pays, (Amérique latine et Europe,) ont dénoncé ce qu’ils appellent une culture de la corruption et de la mauvaise gestion de la part de M. Maduro et ont apporté leur soutien à Juan Guaidó, le chef de l’opposition à l’Assemblée nationale, qui s’est déclaré président par intérim il y a un mois, au motif que M. Maduro avait remporté les élections en mai dernier frauduleusement.
Vassili Nebenzy, le représentant permanent russe auprès de l’ONU a expliqué son veto par la crainte qu’une telle « résolution puisse servir à préparer une vraie intervention militaire et non pas humanitaire,» cependant que François Delattre, le représentant français précisait que le texte ne « représentait pas une base légale pour un recours à la force, ni un moyen de saper la souveraineté du Venezuela. »
Pour de nombreux observateurs, l’affrontement entre Washington et Moscou sur le Venezuela, -autrefois le pays le plus prospère d’Amérique latine, et qui possède les plus grandes réserves de pétrole du monde, n’est pas sans rappeler la guerre froide.
Pour l’heure, les divergences qui règnent au sein des membres du Conseil de sécurité sur la question vénézuélienne, risquent fort de bloquer toute velléité de recherche de solution pacifique.
Célhia de Lavarène
Février 2019