Face à face Russie-Chine-Occident : impasse diplomatique.

International NewspapersAprès des mois de tergiversations, le conseil de sécurité n’est pas parvenu à faire adopter une résolution qui, présentée samedi 4 février 2012, devait demander l’arrêt de violences qui selon l’ONU, auraient fait plus de 6,000 morts. Le texte, fortement édulcoré, ne demandait plus le départ du président syrien, ne faisait pas référence à un quelconque embargo sur les armes, mais soutenait la proposition de la ligue arabe de faciliter une transition politique pilotée par les syriens eux-mêmes. De quoi rassurer les russes qui ne digèrent toujours pas l’offensive militaire des forces de l’OTAN sur la Libye avec l’accord du Conseil de sécurité.
Les diplomates occidentaux ont quitté la salle du conseil la mine sombre : « La tragédie syrienne doit cesser », déclarait Alain Juppé, le Ministre des Affaires étrangères, peu après le rejet de la résolution par la Russie et la Chine.
Les états en faveur d’une condamnation ferme du régime de Bashar Al Assad devaient pourtant savoir que ce ne sont pas quelques milliers de morts de plus ou de moins qui allaient faire changer les positions de la Russie et de la Chine. Moscou, outre le fait d’être un allié de longue date de Damas, a une des dernières bases militaires en Syrie sans compter de gros contrats d’armements. « L’usage massif de la force armée contre des civils, le recours généralisé à la torture, les violences exercées contre des centaines d’enfants sont révoltants et ceux qui ordonnent, commettent ou laissent commettre de tels crimes contre l’humanité devront en répondre, martelait Alain Juppé, avant d’ajouter que « les États qui empêchent le Conseil de sécurité de condamner ces actes encouragent le régime syrien à persévérer dans sa politique cruelle et sans issue ».
Quand bien même une résolution aurait été votée, que se serait –il passé ensuite ? Pensait-on vraiment qu’un texte vidé de sa substance pour satisfaire aux exigences des russes, allait avoir un impact sur le régime syrien ? Même si le veto des russes et des chinois ne lui donne pas carte blanche, on voit mal comment Bashar Al Assad qui, -depuis le début de l’insurrection en mars 2011- a opté pour une répression pure et dure, pourrait choisir la voie de la diplomatie pour répondre aux aspirations du peuple syrien à la démocratie.
La dimension géopolitique du conflit syrien est un vrai casse-tête diplomatique pour les chancelleries occidentales. Pour le Qatar et l’Arabie Saoudite, ce ne sont ni la lutte pour la démocratie, ni le respect des droits de l’homme qui sont au centre de leurs préoccupations mais l’Iran, la lutte entre les Sunnites et les Chiites et l’instabilité qui risque de se propager au Liban et ailleurs.
Aux dernières nouvelles, Washington a fermé son ambassade à Damas et demandé à son personnel de quitter le pays. Peu au faîte des démêlées diplomatiques, les civils syriens ne comprennent toujours pas pourquoi l’ONU et la communauté internationale ne leur viennent pas en aide. A Homs, les violences continuent. Une cinquantaine de personnes auraient été tuées aujourd’hui, lundi 6 février.
Célhia de Lavarène, ONU, New York 6 fevrier 2012