Deux soeurs, deux styles

Gloria SoeurL’art est-il une science ? Ou est-il un h ?ritage g ?n ?tique ? La r ?ponse est peut- ?tre double.
Mais quel ?l ?ment pr ?domine sur l’autre ?
Ce sont notamment les questions que je me suis pos ?es en voyant des expositions de deux Soeur 2s ?urs ; deux parentes dont l’unique lien artistique est la capacit ? de refl ?ter des sentiments dans leurs ?uvres, mais de mani ?res tr ?s diff ?rentes. Comment deux s ?urs que l’ ?ge, la condition sociale, l’ ?ducation, rapprochent autant sont-elles arriv ?es ? exprimer les m ?mes sentiments de fa ?ons tellement diff ?rentes ? A partir de quel moment le principe de l’art pr ?domine-t-il sur la sensibilit ? ?
Les chemins de Carmen et Margarita, deux s ?urs issues d’une famille nombreuse, co ?ncident jusqu’ ? l’adolescence, mais s’ ?cartent ensuite : l’une est mari ?, l’autre pas ; l’une habite le nord de l’Espagne l’autre le sud. Et c’est peut- ?tre cet environnement qui a marqu ? leur diff ?rence : le nord plus dynamique ?conomiquement et culturellement, et donc plus innovateur, plus avant-gardiste ; et le sud plus traditionnel plus attach ? aux valeurs traditionnelles. Il y a donc peut- ?tre un troisi ?me ?l ?ment ? prendre en compte : l’influence de l’environnement dans lequel se d ?veloppe l’ ?uvre artistique.
Pour Carmen l’art est une science, une r ?flexion de la r ?alit ?. Le tableau que nous pouvons voir ici est une recherche affective de l’atmosph ?re d’un paysage de la campagne, une recherche rationnelle d ?guis ?e en ?motion qui ?voque un temps pas tr ?s d ?fini (on ne sait pas s’il fait nuit ou s’il fait jour). On pourrait dire qu’on est hors du temps et de espace. Mais c’est le reflet de sa personnalit ?, une caract ?ristique personnelle dans sa recherche picturale, celle d’une personne tr ?s sensible ? tout ce qui l’entoure et qu’on peut trouver dans toutes ses ouvres : son intimit ? affective et artistique. Mais au m ?me temps, c’est une travailleuse infatigable, ses tableaux sont tr ?s ?labor ?s, pens ?s et travaill ?s. Derri ?re chaque tableau, il y a un processus de travail et de remodelassions avant d’aboutir au r ?sultat. On pourrait dire que sa peinture est  » authentique  » puisque elle est ?labor ?e de l’int ?rieur en ?tant fid ?le ? sa personnalit ?.
Margarita, elle, se consid ?re comme une  » portraitiste de sensations « . On peut dire qu’elle est une interpr ?te des ?motions puisque dans ses compositions, les touches de couleurs tr ?s fortes se juxtaposent sur un fond neutre et sont capables d’exprimer ses propres sentiments et de les ext ?rioriser pour le spectateur. Les ?motions que l’envahissent au moment de ses cr ?ations sont traduites par des formes de couleurs, ce qui est le leitmotiv de ses compositions. Dans son tableau  » Lluvia en el mar « , on peut voir une forte interf ?rence de l’art europ ?en et asiatique : o ? la composition du tableau est europ ?enne, mais exprim ?e par des touches de lavis spontan ?es subordonn ?s ? une affection tr ?s int ?rioris ?e, ce qui est d’inspiration plus asiatique. Les formes et les couleurs repr ?sentent une atmosph ?re o ? le r ?el change dans une expression artistique non figurative.
L’influence sur l’art est un d ?bat qu’on n’arrivera pas ? trancher. Mais quand on regarde ces tableaux on se dit que ?a n’a pas d’importance, que ce qui compte c’est qu’il y ait encore des personnes capables d’exprimer des sentiments pour r ?pondre ? un besoin int ?rieur et que ?a donne des r ?sultats tellement beaux : ce qu’on appelle ART.