MUHAMMAD

SUR LA ROUTE DU CINÉMA, Par Dan Albertini
Un film de Majid Majidi mettant en vedette : un patriarche, un envoyé, une loi.

Qui pourrait imaginer passer trois heures d’horloge à regarder un film iranien qui parle du prophète, sans quitter la salle. Mission accomplie ! Fatigué du sermon d’ailleurs dans une langue encore moins comprise que l’arabe. Non. En sus, une manifestation connexe au tapis rouge dehors, dénonçant l’Islam faisant des prisonniers. Je suis pourtant rentré dans la salle avec la pensée d’en ressortir aussi vite, après présentation et capture d’écran. Eh bien non, un 3/60 pour un 175mn nous attendait, hors du commun.

Entrée de scène. On s’attend à ce que les couteaux volent bas avec la présence d’un maire zago loraj dans la salle. Bien que Losique lui a valu une belle leçon d’académie des lettres, profitant de la présence du président du jury doublé d’un chapeau d’immortel. Bref, si bien dit pour faire Aznavour : « mon ami mon Juda, tu as le profil de l’emploi ». Du sarcasme élégant qui rappelle Dardamelle dans Carnaval-1953. Losique met et démet la table. Un maire, menottes de l’embarras, sans micro. Un grand écran blanc l’attendait pour lui rappeler son rabat politique grivois contre un imam du coin. Le film.

D’abord, il faut dire que le metteur en scène a réussi son coup, ce sans vouloir prétendre le sans faute. Car le film est trop long, telle une lecture du Coran. Ce n’est pas mon genre, ni dans la Bible non plus. Cependant, ce n’est pas une torture que de rester cloué sur le siège, comme on accusait l’Islam à l’extérieur. Effet sonore extraordinaire, artifices adaptés mais non fastidieux pour l’ignorant de l’Islam que je suis. Heureusement qu’Abdoul Salam m’avait récemment donné un Coran en cadeau. Une fouille sporadique m’avait suggéré qu’un film serait mieux pour moi. Je l’ai trouvé dans Muhammad.

Quand l’enfant est né, j’avoue que le metteur en scène m’a eu. J’avais complètement oublié le sit-in de grand papa allant consulter Allah pour répondre aux adeptes de Baal. Une chose est certaine, ce sont des gens de parole, contrairement à la critique radicale catholique et protestante qui achète pourtant les vérités exclusives du Judaïsme orthodoxe de certains Loubavitch. Le film est un mélange religieux qui démystifie la fausse publicité sur les écarts mensongers mutuels entre paysans du même terroir.

Majid Majidi a proposé mieux si on le compare à Avatar qui va chercher une fiction cruelle comme pédagogie. Oui, l’histoire peut être encore intéressante avec ses éléments humains inexpliqués par un cinéma qui faisait de la propagande haineuse contre tout ce qui ne lui convenait pas. C’est ça le couloir de la haine contre l’Islam. C’était aussi là la leçon nécessaire pour un maire zago loraj, s’il était resté jusqu’à la fin. Un cinéma utilitaire je dirais. Si l’artifice était au naturel, le tournage a du être une épreuve.

S’il y a une conclusion, c’est que les grands studios d’Hollywood ont perdu le pari de l’exclusivité du savoir-faire. Majidi a réussi et gageons que sa grande première fera école.

Merci d’y croire !
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