Le Conseil de Sécurité s’est réuni le 23 février, en présence de plusieurs ministres dont Serguei Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, pour réfléchir sur la meilleure façon de maintenir la paix et la sécurité internationales et réaffirmer son engagement aux buts et principes de la Charte des Nations Unies

Une douzaine de ministres des affaires étrangères, mais également 67 délégations ont participé au débat organisé par le représentant permanent de la Chine et président du Conseil de sécurité pour le mois de février, sur le thème : « maintien de la paix et de la sécurité internationale : réaffirmer l’attachement indéfectible aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies il y a 70 ans, lors de la Conférence de San Francisco. Si ce moment fut accueilli et célébré comme un tournant majeur dans l’histoire du monde, les principes de la Charte de préserver les générations futures de la guerre, sont depuis longtemps passés aux oubliettes, notamment l’article 1er qui énonce que c’est « en développant et en encourageant le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous » qu’on résout les problèmes.  »

De nombreux diplomates reconnaissent que les Nations Unies n’ont pas su s’adapter aux évolutions du monde et font face à des défis et à des crises sans précédent, Et bien que l’Institution clame haut et fort, -surtout devant les micros et les caméras de télévision- que les crimes de masse heurtent la conscience universelle, à l’intérieur de la Maison de verre, « il est toujours urgent de ne rien faire. »Témoin le conflit syrien et ses plus de 220,000 morts, la guerre qui oppose l’Ukraine à la Russie, ou les menaces que des organisations terroristes telles que Boko Haram ou Daesh font peser sur la paix et la sécurité.

Depuis quatre ans, le consensus n’est plus de mise au sein du Conseil de sécurité et l’ONU est confrontée à de sérieux échecs. Comble de l’ironie, c’est le ministre des Affaires étrangères de la Chine, M. Wang Yi qui, en sa qualité de président du Conseil pour le mois de février, a invité les Etats membres à redonner du souffle à la Charte. A lui donner un nouveau dynamisme face aux nombreuses menaces « non traditionnelles » qui se posent aujourd’hui à la sécurité du monde. « Le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, le règlement pacifique des différents internationaux et la protection des droits de l’homme, constituent les principes enracinés dans la Charte, a-t-il affirmé. »

Comme l’a rappelé la Belgique, il suffit de jeter un coup d’œil sur la carte du monde pour constater combien la paix et la sécurité internationales sont fragiles et combien il importe de rester pleinement engagé dans la mis en œuvre des objectifs et principes de la Charte. « Soixante dix ans plus tard, nous en sommes encore a appliquer les principes de la Charte de manière sélective. » Beaucoup reconnaissent que si l’ONU veut assurer pleinement sa mission de maintien de la paix, elle doit être plus représentative des équilibres mondiaux.

En dépit de cette adhésion quasi-universelle aux principes de la Charte, les échanges entre délégations ont mis en lumière de nombreux cas de violations de la Charte commises par des Etats qui n’hésitent pas à s’ingérer dans les affaires intérieures d’autres pays faisant peser de sérieuses menaces à la paix et à la sécurité internationales.

La France, a mis l’accent sur « le rôle essentiel de la Cour internationale de justice dans le renforcement de l’Etat de droit international, » afin « que les victimes d’atrocités de masse, nous aident à préparer un avenir meilleur, » et a proposé un encadrement du veto en cas d’atrocités de masse, qui constituerait une évolution majeure. A l’exemple de la France, l’Estonie a déploré que « le privilège du droit de veto, ou la menace de l’utiliser, paralyse les travaux du Conseil de sécurité en l’empêchant d’agir dans les situations urgentes. »

Le Conseil de sécurité doit veiller à ce que les missions de maintien de la paix disposent d’une autorité et de moyens suffisants, y compris en matière d’état de droit et de protection des civils. A ce jour, 122 458 personnels sont affectés à 16 opérations de maintien de la paix. Pour quel résultat, s’interrogent quelques délégations qui ont souligné que les mandats ne sont pas assez centrés sur les vrais problèmes à résoudre. Des ministres et des représentants permanents ont mis l’accent sur la nécessité d’améliorer la performance de l’ONU et de la Communauté internationale en matière de prévention des conflits. Bien entendu, les discussions ont été aussi pour certains Etats, l’occasion de réitérer leurs espoirs de voir enfin la reforme du Conseil de sécurité se réaliser.

Ron Prosor, le représentant israélien a, entre autre, dénoncé le fait que le Conseil des Droits l’homme puisse avoir pour membre des pays comme l’Arabie Saoudite, le Venezuela, le Qatar et l’Algérie. Revenant sur les actes terroristes commis par Daesh, il a fait remarquer que des millions d’hommes et de femmes attendent des Nations Unies qu’elles défendent leur dignité et leurs droits. « Nous ne sommes pas en train de faire assez pour leur venir en aide, » a-t-il observé. Avant de présenter son propre palmarès des « Oscars du maintien de la paix et de la sécurité internationales :

« La nuit dernière, Hollywood a célébré les Oscars. Si les Oscars pour le maintien de la paix et de la sécurité internationale devaient être remis à l’ONU, ce ne serait pas une surprise pour personne si ces candidates étaient récompensés pour les prix suivants: dans la catégorie du meilleur acteur- pour prétendre être un pays attaché à la paix, tout en développant les capacités nucléaires, niant l’Holocauste, et menaçant la destruction d’un autre Etat membre, l’Oscar irait a l’Iran. Dans la catégorie du meilleur second rôle, pour son soutien indéfectible envers le régime Assad qui tue des centaines de milliers de civils, l’Oscar irait au Hezbollah. Dans la catégorie des meilleurs effets spéciaux –pour avoir réussi à faire disparaitre les femmes de l’espace public, l’Oscar serait attribué à l’Arabie Saoudite. Il n’y a eu aucune concurrence. Enfin, pour avoir réussi à réécrire l’histoire, l’Oscar du meilleur montage reviendrait à l’autorité palestinienne. Qui a reçu déjà suffisamment de prix de la part de cette institution. Si nous voulons poursuivre la paix et la sécurité dans le monde réel, il est temps de faire tomber le rideau sur ce théâtre de l’absurde et de retourner aux valeurs d’origine de la Charte des Nations Unies. « 

Célhia de Lavarène Février 2015