HAOLLYWOOD : L’ARTISTE L’IMAGE ET L’ECRAN

SUR LA ROUTE DU CINEMA
par Dan Albertini
HAOLLYWOOD : L’ARTISTE L’IMAGE ET L’ECRAN – Une thématique de réflexion nécessaire pour la création d’un cinéma haïtien

Si cela suscite évidemment beaucoup de réflexions, il a déjà suscité tellement d’interrogations silencieuses et de questions intrigantes timidement soulevées en fer à cheval. C’est-à-dire en boucle non fermée. Les uns du bord des rêves convoités : << est-ce possible >>. Les autres du bord des grands studios : << que se passe-t-il >>. La plus significative dans ce contexte immédiat serait-elle celle-ci que j’aime d’ailleurs : << Mais où >>, quand je propose de l’inclure dans les éléments de réflexion pour la réalisation du premier symposium mondial sur la création d’un…. Question d’intérêt tout aussi pertinente que prometteuse, elle ne vient curieusement pas d’un TPP (très petit producteur), mais d’un amant de l’art haïtien. Tellement désireux de voir ce nouvel art exploratoire naissant prendre chair. Le TGP se sachant incontournable, est trop occupé POUR. J’avoue, là c’est ma bataille personnelle depuis RTHQ Communications (Radio et Télévision Haïtienne au Québec – 1989) et, mes articles critiques sur le FFM à Montréal où j’y suis. Saviez-vous au moins que Montréal possède non seulement une citée multimédia, mais les Studios Mel’s Cité du Cinéma, Montréal n’est plus obligée de passage à Hollywood pour produire GRAND. C’est une véritable opportunité à saisir aujourd’hui. Où ? Je demeure par contre adepte de l’itinérance.

L’Image – La véritable chance d’un cinéma haïtien, de ce cinéma haïtien pour qu’il nous appartienne, c’est d’accepter de partir sur ce qui nous appartient réellement. Une image, une histoire, un genre. C’est un besoin exprimé par…, et je l’assume une fois de plus, une rhétorique qui engage l’autre sur sa faiblesse. Non sur une récupération frivole, passagère de sa culture qu’il maitrise mieux que nous, en émotion, en besoin, en casting (réel). Nous serions là, toujours consommateurs avec ceci. Mais avec cela nous saurons toujours l’y obliger par sa conscience. Ce n’est pas je le rappelle, une histoire de réinventer la roue avec Haollywood, mais d’utiliser une formule avec nos produits, faire à la manière DE. Hollywood est en ce sens la plus puissante démarche cinématographique qui puisse aller jusqu’à expliquer les relations humaines dans le passé, plus, prédire l’avenir malgré ses écarts. Tout le monde n’utilise-t-il pas la règle de trois en maths, c’est une logique du domaine. Trouvons donc notre icône.

Haollywood devra et je le crois profondément, faire dans le cinéma, ce que je proposais en politique étrangère et pour la diplomatie haïtienne. Faire dans les arts le procès du Code noir, c’est-à-dire, aller en sciences (du mental), organiser artistiquement une nouvelle culture post traumatique de 1804. À partir du personnage haïtien que nous avons nous-mêmes créé avec ses dieux, laver le passé, récupérer par les arts un standard perdu. Les arts du cinéma, tel que décrit dans << Haïti la Nation a Besoin de Stars >>, (l’ouvrage Haïti Reconstruction d’après Nous). << Non pas avec le bras guerrier vindicatif de 1804, mais avec le starisme ascensionnel généré par les arts et la culture >>. En faire une industrie. C’est là en fait un véritable marché mondial qui naîtra tenant compte aussi de la véritable notion de coopération de l’autre par cette proposition : << le partenariat rentable et pacificateur plus fort que les conventions >>. Alors là, je précise, l’image mythique phare est celle d’une époque. Le costume d’une époque, l’idéal entravé de 1804 libéré. Si le marronnage est une conséquence du Code noir, le cinéma haïtien ne peut s’y soumettre nullement. Il faut évoluer !

La scène actualisée de l’Haïtien naissant, non pas figée par les limites du temps mais répondant à l’Haïtien d’aujourd’hui, la même formule du << Star System >> décrit dans l’ouvrage de Paul Warren P. 39 << Le personnage du film expressionniste allemand ne regarde pas son vis-à-vis, son interlocuteur >>. Il n’y << voit >> à travers lui, au-delà de lui, autre chose que lui. Et la Nôtre ?

Je crois donc en bref, ré-humaniser l’homme qui avait déshumanisé car il avait produit l’univers de son mental le projetant. Sur un autre, sur NOUS. Le Noir. Haollywood devra s’outiller à réaliser ce travail en mode accéléré, car toute décélération deviendra pervers et l’autre y profitera pour rentrer sa nouvelle notion.

J’en suis convaincu, c’est un cinéma qui sera utile à l’humanité. Un cinéma pacificateur à double résonnance : repositionner les uns et les autres, et redémarrer avec cette étoile haollywoodienne.

Notons bien. L’homme d’aujourd’hui ne se cherchera-t-il pas toujours dans son passé, mais ne se récupère-t-il pas sur une époque précise ? Interpellons. Les considérations de Paul Warren n’ont-elles toujours pas été démenties, dans sa rhétorique sur << l’uniforme allemand >> évoqué dans l’ouvrage précité.

C’est là où nous devons nous rendre, en outre avec quel écran ?

L’épreuve croitra certes, d’une part la technologie propose << tout écran tout format >>, mais l’Haïtien se voit-il gigantisme ou moderne, soit orienté vers le futur, ou de la nostalgie d’un temps à rattraper ? Mieux encore, il nous faut envisager les considérations marketing. Cela convoque : compétition, adversité, contrecourant. Tous les peuples veulent se projeter et s’y refuseront dans les projections d’un autre qu’ils n’avaient adopté comme idole. De là la notion de financement et de marché. Quel est notre marché (ciblé, idéal, stratégique) ?

Par exemple, l’Afrique et quelle Afrique nous servira-t-elle, pourquoi ? Quel autre cinéma nous identifiera-t-il comme menaçant (dans la logique de Jean Michel Valentin – Hollywood, le Pentagone et Washington) ? Le financement est à ce point important, Marcus Delsoin, cinéaste haïtien de l’ASAP à Montréal, le sait que trop bien pour l’ignorer.

Poursuivons avec le dernier symbole convoqué, l’Artiste. Là, c’est peut-être le drame annoncé en lettres de feu. Comment contourner ou, comment trouver un consensus rapidement et collectivement ? Chaque Haïtien est en soi un acteur en puissance qui trompe l’autre pour mieux se vendre soi-même. Dans tous les domaines, la politique l’illustre éloquemment. Il faudra un important travail de psy pour y parvenir. C’est peut-être au fond une richesse mais tout aussi un drame. C’est de là l’obligation de prévoir. Si nous voulons créer.

Merci d’y croire !
dan@danalbertini.com